Le rideau est tombé le soir du lundi 26 août 2019 sur la 55e édition du Festival international de Carthage avec le musicien équatorien Leo Rojas, une ouverture sur les musiques amérindiennes dans une approche moderne.
Par Fawz Ben Ali
Le Festival international de Carthage a clôturé sa 55e édition qui avait connu de nombreuses modifications pour cause du deuil national d’une semaine suite à la disparition du président de la république Béji Caïd Essebsi, comme le concert de Leo Rojas qui était prévu pour le 29 juillet et qui a finalement eu lieu ce lundi, dernière date du nouveau programme du festival, qui, après avoir exclu le rap tunisien de cette édition, a dû rajouter un mini festival de deux jours (les 28 et 29 août) dédié à la scène urbaine locale.
Une organisation approximative ne fait pas un grand festival
Comme presque chaque année, l’organisation du plus grand festival du pays a laissé à désirer, et disons que le pire nous a été réservé pour la fin…
Au moment de chanter l’hymne national (comme au début de chaque spectacle), une bagarre a éclaté au milieu de la zone de presse qui avait été envahie par des intrus (au vu et au su des responsables du bureau de presse), nécessitant l’intervention des forces de l’ordre ; une trentaine de minutes plus tard, on a été surpris par un groupe de jeunes qui avaient allumé des flammes en haut des gradins, un gros point d’interrogation autour de cet incendie, sachant le dispositif sécuritaire énorme mis en place à l’entrée du théâtre, comment les flammes ont-t-elles pu atterrir dans les gradins ? Tout le mystère est là.
Leo Rojas, un retour aux sources, mais dans l’air du temps
Mais revenons à l’essentiel de la clôture, le show de la star internationale Leo Rojas, qui a donné l’un des plus beaux spectacles de cette édition. Compositeur et musicien originaire de l’Equateur, Leo Rojas a commencé à vivre de sa passion en donnant de petits concerts de rue en Allemagne, là où il vit depuis quelques années. La carrière de l’artiste équatorien a démarré avec son passage en 2011 au télé-crochet allemand ‘‘Das Supertalent’’, la version allemande de ‘‘La France a un incroyable talent’’.
Une participation qui lui avait valu la grande victoire de l’une des émissions télévisées les plus populaires en Europe et qui l’a depuis fait connaître aux quatre coins du monde, et notamment en Tunisie où le jeune musicien compte de nombreux fans, venus en masse à son concert de Carthage, un ans après son premier passage sur le continent africain au Festival international de Bizerte.
Accompagné de son groupe de musiciens, le talentueux multi-
instrumentiste a réservé un grand show au public tunisien qu’il avait hâte de retrouver et qu’il a aimé appeler «lovely people» (adorables personnes).
Sur scène, Leo Rojas est une vraie boule de feu, il ne tient pas en place, parle constamment au public et jongle entre les nombreux instruments à vent qu’il maîtrise, notamment son compagnon de route la flûte de pan. Des instruments amérindiens traditionnels qui font sa singularité qui lui ont permis de se démarquer des musiciens et compositeurs de sa génération.
À 35 ans, Leo Rojas a déjà obtenu les Youtube Awards argent et or pour avoir dépassé les 1,5 millions d’abonnés, un succès fou en si peu de temps qui a fait de lui l’une des stars les plus demandées dans les festivals internationaux, sa programmation au Festival de Carthage a été une valeur sûre mais aussi une preuve de l’ouverture de la 55e édition sur les musiques du monde et une prise en considération de la demande du public tunisien.
Durant deux heures, le jeune équatorien nous a entraînés dans son univers artistique atypique où les instruments traditionnels construits de végétaux rencontrent les sons modernes de la guitare électrique, de la batterie et du clavier. Leo Rojas tient à rendre hommage à la culture précolombienne de ses ancêtres tout en restant dans l’air du temps. Ses compositions qui touchent un public intergénérationnel, célèbrent la nature, la mère terre, la spiritualité et le retour aux sources.
Vers minuit, alors que les festivaliers commençaient à déserter les gradins, Leo Rojas n’avait toujours pas envie de quitter la scène, enthousiasmé certainement pas le cadre magique du théâtre romain de Carthage. Il s’est ainsi lancé dans des reprises de grands standards de la musique comme le célèbre chant de révolte italien ‘‘Bella Ciao’’, ‘‘Con te partiro’’ d’Andrea Bocelli, ‘‘Billie Jean’’ et ‘‘Beat it’’ de Mickael Jackson qui ont réussi à faire revenir le public, avant de conclure sur sa chansons porte-bonheur ‘‘El condor pasa’’ qui l’avait permis de se qualifier pour les demi-finales de ‘‘Dar Supertalent’’ et qu’il joue depuis, à chacun de ses spectacles.
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