La chaîne Nessma TV, qui diffuse illégalement depuis 2014, a été épinglée pour la énième fois par la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica), pour infraction électorale. Elle a diffusé, 8 fois en une journée, un spot appelant à voter pour son patron, Nabil Karoui, à la présidentielle et pour son parti aux législatives.
La Haica précise, dans un communiqué publié cet après-midi, mardi 8 octobre 2019, que l’infraction a été relevée le 4 octobre courant et que, dans ce spot publicitaire, l’épouse dudit candidat et des dirigeants de son parti Qalb Tounes appellent les Tunisiens à aller voter en masse et ont tenu un discours visant à influer les électeurs en leur faveur.
La Haica a rappelé que cette même chaîne a commis plusieurs infractions, notamment au cours de cette période électorale. La dernière en date remonte au 30 septembre dernier : Nessma a été épinglée pour publicité politique au profit de son patron, mais aussi pour discours violent et appel à la haine.
En effet, le chroniqueur Taoufik Ben Brik, qui défendait son ami sur le plateau « Ness Nessma« , s’en était pris à plusieurs dirigeants politiques, avant de lancer que dans d’autre pays, «les armes se seraient levées pour faire libérer Karoui…». Cet appel à la violence n’est pas passé inaperçu et le ministère public a convoqué le chroniqueur, écrivain de son état et soutien inconditionnel à la candidature de Nabil Karoui à la présidentielle.
Le 25 avril dernier, la Haica avait ordonné la fermeture de Nessma TV par la force publique, pour diffusion illégale, depuis 2014. Son patron Nabil Karoui, avait alors fait appel à la justice, et celle-ci a tranché en faveur de l’instance. Reste que Nessma continue depuis à diffuser illégalement, faisant fi de la loi…
Son patron est, d’ailleurs, en détention depuis le 23 août dernier, mais pour une autre affaire, portée en justice par l’organisation I Watch, en 2016, notamment pour corruption financière et blanchiment d’argent. Il est candidat au 2e tour de la présidentielle et se dit victime d’injustice, déplorant que son incarcération le prive de mener sa campagne électorale et dénonçant l’inégalité des chances avec son concurrent Kaïs Saïed.
Ce dernier a finalement récemment indiqué qu’il ne mènera pas de campagne électorale, par souci d’équité, un argument que plusieurs parties utilisent pour appeler à la libération de Karoui. Sauf qu’en matière d’égalité de chances, c’est Kaïs Saïed qui est le dindon de la farce. C’est lui, en tout cas, le perdant dans cette affaire: il est libre mais ne fait pas campagne, alors que son adversaire est emprisonné, et sa chaîne de télévision et d’autres médias font campagne pour lui.
Ainsi va la démocratie d’opérette en Tunisie : les hors-la-loi font la loi dans le pays.
Y. N.
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