Mohamed Abbou, secrétaire général du Courant démocrate (Attayar), a estimé, ce mercredi 16 octobre 20919, sur les ondes de Jawhara Fm, que, «pour l’intérêt du pays», certains partis de la nouvelle Assemblée des représentants du peuple (ARP), à savoir Ennahdha et Qalb Tounes, pour ne pas les nommer, n’auraient pas dû y être…
Par Cherif Ben Younès
Ce sont, bien entendu, l’échec politique et économique et les soupçons de corruption liés à ces deux partis qui expliquent cette prise de position de la part de M. Abbou.
Le candidat au premier tour de la présidentielle anticipée (10e position avec 3,63% des voix observées) ne s’est, par ailleurs, pas montré inquiet quant à la formation d’un gouvernement, et a réitéré, à cet effet, l’intention de son parti d’apporter son soutien à Ennahdha (avec des votes, au parlement), en cas de besoin, et ce afin que le pays n’aille pas vers l’inconnu, mais sans pour autant s’allier avec le parti islamiste.
Eviter à Ennahdha le plan B de l’alliance avec Qalb Tounes
«Maintenant, s’il n’arrive pas à rassembler les voix de ce qu’il décrit comme la famille politique qui se rapproche de ses propres valeurs, le plan B pourrait être l’alliance avec Qalb Tounes. Mais là, nous serions à l’affût en ce qui concerne les questions liées à la bonne gouvernance, à la lutte contre la corruption et à l’indépendance de la justice», a-t-il ajouté.
Mais là, nous, de notre côté, sommes en droit de nous demander pourquoi M. Abbou semble être plus laxiste avec Ennahdha que Qalb Tounes concernant les garanties que présentent chacun d’eux, concernant le combat contre la corruption… Quand bien même ils font, tous les deux, face à de sérieux soupçons qui remettent en question leur intégrité. D’ailleurs, Mohamed Abbou est le premier à le savoir puisqu’il a, lui-même, porté plainte contre ces deux premières forces parlementaires pour les fameuses affaires de lobbying, qui ont été révélées il y a deux semaines.
Ennahdha, qui présente moins de danger que Qalb Tounes, aux yeux de Abbou, est surtout soupçonné, faut-il le rappeler, de détenir un appareil secret au sein des ministères de l’Intérieur et de la Justice, et d’être responsable des assassinats de Chokri Belaïd et de Mohamed Brahmi.
Des candidats pour qui les électeurs n’auraient pas dû voter
«Je ne sais pas si ce gouvernement servira les intérêts du pays… Sans vouloir contester la volonté du peuple, je dirai que ceux qui ont eu la majorité, n’avaient rien à faire là», ajoutera-t-il.
L’ancien ministre chargé de la Réforme administrative (décembre 2011 – juin 2012) a, d’autre part, estimé que les citoyens ont un devoir important, consistant à suivre la vie politique et à s’informer, pour que leurs choix futurs puissent réellement servir l’intérêt du pays.
«Je ne veux pas critiquer les électeurs, mais je leur demande de mieux prendre en considération les positions de tous les partis. Il ne faut pas aller voter sans avoir une idée des programmes, il faut toujours consacrer du temps pour les décrypter. Il faut une conscience, que nous mettrons des années à construire mais pour laquelle nous œuvrons à Attayar. Pour nous, oui, il y a des candidats pour qui les électeurs n’auraient pas dû voter, mais ils l’ont fait et nous le respectons » a-t-il développé.
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