Tahya Tounes et Attayar ont beaucoup plus de points en commun que de points de divergences, même si les camarades de Mohamed Abbou ont souvent critiqué, et de manière véhémente, le président de Tahya Tounes, Youssef Chahed, par ailleurs chef de gouvernement sortant. Va-t-on assister à un rapprochement entre ces deux formations acculées à faire partie ensemble de l’opposition parlementaire ? Des signes le laissent penser…
Par Cherif Ben Younès
Présent hier soir, 25 novembre 2019, sur le plateau de l’émission «Tounes El Yaoum», sur El Hiwar Ettounsi, Selim Azzabi, secrétaire général de Tahya Tounes, a réitéré le refus de son parti de collaborer avec Qalb Tounes et la coalition Al Karama, «dans le cadre de la gouvernance». En revanche, M. Azzabi a indiqué qu’il y a plusieurs «points de rencontre» entre Tahya Tounes et Attayar, pouvant aboutir à une force parlementaire, voire gouvernementale, réunissant les deux partis.
Reprochant à Qalb Tounes les soupçons de corruption qui entourent quelques uns de ses dirigeants et notamment son président, Nabil Karoui, et à la coalition Al Karama son discours extrémiste, Selim Azzabi estime qu’il est inconcevable pour Tahya Tounes de participer à un gouvernement avec l’une de ces deux parties.
Par contre, dans le cadre des travaux parlementaires, il n’y a aucun problème à ce qu’il coopère avec eux, assure-t-il. Une flexibilité qui fait la différence entre Tahya Tounes et le Parti destourien libre (PDL), qui ne partagent pas, non plus, «la position vis-à-vis de la révolution», d’après l’ancien ministre-directeur du cabinet du président de la République, Béji Caïd Essebsi (février 2016 – octobre 2018).
Le parti qui plaît à Selim Azzabi et avec lequel il pourrait y avoir un vrai rapprochement politique, que ce soit dans le gouvernement ou dans l’opposition, est Attayar. «Ensemble, Tahya Tounes et Attayar, peuvent mettre en place un projet et une vision communs pour le prochain gouvernement», a-t-il notamment déclaré.
En effet, au vu de l’émiettement de la scène parlementaire, un tel rapprochement semble des plus judicieux… Car avec respectivement 22 et 14 sièges, dans une Assemblée qui en renferme 217, le poids d’Attayar et de Tahya Tounes est beaucoup trop léger.
D’où l’intérêt d’un bloc qui réunit les députés de ces deux partis, en plus de ceux du mouvement Echâab (15 sièges), avec lequel Attayar est déjà à un stade de collaboration plus avancé, puisque les deux partis ont présenté des candidats communs pour la présidence et la vice-présidence du parlement.
En dépit des divergences idéologique, particulièrement sur le plan économique, entre Attayar et Tahya Tounes, et malgré le fait que le premier s’opposait farouchement à la politique du deuxième lorsque celui-ci était au pouvoir, Selim Azzabi estime que ce qui lie les deux partis, notamment sur le plan idéologique, mais également en ce qui concerne la lutte contre la corruption, justifie amplement un éventuel rapprochement.
Sur un autre plan, Selim Azzabi a souligné que le président de Tahya Tounes, Youssef Chahed, va désarmais se consacrer entièrement à son parti : «Youssef Chahed restera en Tunisie et s’occupera du parti, il n’ira pas à l’étranger contrairement à ce qui se raconte et ne fera pas partie du nouveau gouvernement comme il l’a dit».
«Il est vrai que le bilan de l’actuel gouvernement n’est pas celui qu’on espérait, mais le nouveau gouvernement trouvera une situation nettement meilleure que celle à laquelle nous avons dû faire face en 2016. Il est normal, aujourd’hui, que le constat ne soit pas tout rose mais des choses ont été réalisées et la situation s’est améliorée même si l’impact sur le citoyen n’a pas encore été senti», a enfin précisé Selim Azzabi, en réponse aux critiques envers le gouvernement de Youssef Chahed qui n’a pas réussi à améliorer la situation économique du pays.
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