Retenu, depuis 2007 comme l’un des cinq premiers grands groupes industriels et financiers à travers le monde, le géant japonais Sumitomo, présent dans divers secteurs, notamment, l’énergie, l’électronique, les finances et le leasing, a tendance, au regard de ses nouveaux investissements en Tunisie, à s’imposer comme un des principaux investisseurs offshore dans notre pays.
Par Khémaies Krimi
Trois récents investissements dans des secteurs stratégiques, en l’occurrence le transport aérien, les composants automobiles et l’électricité méritent qu’on s’y attarde.
Leasing, un contrat de 800 MDT
Le premier et le plus récent a été le précontrat signé, le 4 décembre 2019, entre la compagnie de leasing d’avions de droit irlandais SMBC Aviation capital, propriété du consortium d’institutions japonaises de premier plan, Sumitomo Mitsui Banking Corporation (SMBC), Sumitomo Mitsui Finance and Leasing Company Limited (SMFL) et Sumitomo Corporation).
En vertu de ce précontrat, qui sera avalisé au mois de janvier prochain, SMBC va louer à Tunisair, à partir de 2020 et sur 12 ans, 5 avions A320 Néo âgés entre 5 et 6 ans.
Ce contrat, d’un coût global de 800 millions de dinars tunisiens (MDT), va permettre, selon le Pdg du groupe Tunisair, Ilyès Mnakbi, de faire des économies de 60 MDT, le coût d’un barrage moyen.
La câblerie, créneau préféré de Sumitimo
Un jour après la signature de ce contrat, une autre filiale du géant japonais, en l’occurrence, Sumitomo Electric Wiring Systems Europe (SEWS-E), spécialisée dans le câblage électrique et composants électroniques destinés aux plus grands constructeurs automobiles internationaux, vient de s’implanter à Monastir.
L’entrée en production de la nouvelle usine SEWS TN est prévue pour fin 2020 et devrait permettre la création de 2.000 emplois lors du démarrage, pour atteindre 5.000 à terme.
Cette nouvelle unité offshore dont le coût global est estimé à 61,5 MDT vient de renforcer l’écosystème de l’industrie des composants automobiles déjà fleurissant avec un total de 260 entreprises et 80.000 emplois. Est-il besoin de rappeler que ce secteur contribue à hauteur de 4% au PIB avec 2 milliards d’euros à l’export et un taux de 10,74% de croissance moyenne en valeur des exportations, selon les statistiques de l’Agence de promotion des investissements extérieurs (Fipa).
Le directeur de SEWS TN, Lucian Anghelescu, a affirmé que la société a choisi de s’implanter en Tunisie au vu de sa proximité géographique de l’Europe, de la qualité de la formation des ingénieurs, techniciens et de la main d’œuvre en général, et de l’importance des opportunités d’investissement disponibles. Les premières commandes de cette unité seront exportées vers la France, la Turquie et l’Espagne.
À noter qu’en matière de câblerie, le groupe Sumitomo, est présent en Tunisie depuis 2009, à travers sa filiale tunisienne Sumitomo Eletronic Bordnetze Tunisia. Cette filiale, réalisée pour un coût de 25 millions de dollars, emploie plus de 500 personnes et exploite, à Boussalem (gouvernorat de Jendouba), une câblerie spécialisée dans la production de câbles électriques pour l’industrie automobile.
Participation à la réalisation de la centrale électrique de Radès
En juillet 2019, le chef du gouvernement en exercice, Youssef Chahed, a inauguré la première unité de la centrale électrique à cycle combiné à Radès à laquelle a contribué une autre filiale du groupe Sumitomo, à savoir, Sulitimo Corporation aux côtés d’un autre géant japonais Mitsubishi Hitachi Power Systems (Mhps), deux entreprises japonaises réputées pour leur savoir-faire dans la mise en œuvre des projets de construction des centrales électriques et l’optimisation du rendement énergétique.
Cette centrale, financée par un crédit de 850 MDT remboursable sur 40 ans. Ce prêt, fourni par l’Agence de coopération internationale du Japon (Jica) avec un délai de grâce de 10 ans et un taux d’intérêt de 0,6%, va aider la Tunisie à produire, une fois le projet totalement achevée, probablement au mois de mai 2020, 10% de l’électricité du pays (450 mégawatts).
Cela pour dire au final qu’en dépit de la crise multiforme dans laquelle se débat la Tunisie, depuis le soulèvement du 14 janvier 2011, et malgré notre mal-vivre et pessimisme, des géants mondiaux, visionnaires et stratèges, de la trempe de l’empire japonais Sumitomo, viennent nous rappeler que le site Tunisie de production international est non seulement, toujours, compétitif mais également promis à un bel avenir.
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