Au lendemain de sa conférence de presse où elle a ouvertement appelé à la destitution de Rached Ghannouchi de la présidence de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), Abir Moussi monte encore au créneau en publiant ce mardi, 14 janvier 2020, une vidéo sur facebook où elle se dit prête à toutes les concessions politiques nécessaires pour arriver à ses fins.
Rappelons que la présidente du Parti destourien libre (PDL) reproche au leader islamiste, comme d’autres analystes, politiciens et activistes de la société civile, sa visite en Turquie, effectuée le weekend dernier, pour y rencontrer son chef d’Etat très controversé, Recep Tayyip Erdoğan, et ce dans un entretien fermé, tenu moins de 48 heures après la chute du gouvernement de son parti, Ennahdha, et quelques jours seulement après avoir assisté aux réunions du Conseil de sécurité nationale. De quoi alimenter la polémique…
Pour Abir Moussi, il s’agissait d’un dépassement de la loi et d’une menace à la sécurité et à la souveraineté nationales du pays. Et, naturellement, il n’en fallait pas plus pour que l’avocate, qui ne porte pas les islamistes dans son cœur, appelle à «mettre fin à l’impunité dont jouit Ennahdha», au pouvoir entre 2012 et 2019.
Aujourd’hui, Abir Moussi a indiqué qu’elle est prête à collaborer avec tous les blocs parlementaires qui n’ont pas voté pour le gouvernement de Habib Jemli, c’est-à-dire tous sauf ceux d’Ennahdha et d’Al Karama, en vue de destituer Rached Ghannouchi de ses fonctions à la tête de l’ARP.
Elle a également indiqué qu’elle les a déjà touts contactés, y compris, donc, les partis avec lesquels elle a des rapports conflictuels, comme Attayar.
Accusée, selon ses dires, par Mongi Rahoui (entre autres) d’avoir sauté sur l’occasion pour promouvoir son image, notamment en prenant l’initiative de rédiger une pétition pour le retrait de Ghannouchi de la présidence du parlement, l’ex-RCDiste a assuré être prête à renoncer à ce document et à signer, avec les membres de son bloc, un autre, quel que soit son auteur.
Abir Moussi s’est, par ailleurs, engagée à ne pas présenter un candidat issu de son parti pour la présidence du parlement si Rached Ghannouchi venait à être destitué de son poste.
Sur un autre plan, elle a assuré que son parti ne sera pas concerné par les concertations sur la formation du prochain gouvernement si «les Frères musulmans et leurs dérivés» (par allusion, respectivement, à Ennahdha et Al Karama) en feront partie.
Difficile d’imaginer les autres partis et groupes parlementaires suivre la présidente du PDL dans cette démarche fondée sur l’exclusion, sachant que les islamistes ont refusé de voter, en 2013, un projet de loi instaurant l’interdiction aux ex-membres du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), ancien parti au pouvoir sous la dictature de Ben Ali, dont Abir Moussi et la plupart de ses camarades du PDL, de se présenter aux élections.
C. B. Y.
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