L’Administration tunisienne regorge de compétences intègres, patriotes, hautement qualifiées, efficaces et discrètes, notamment des femmes, qui sont de véritables serviteurs de l’Etat et grâce auxquelles la Tunisie reste debout. Inutile d’aller chercher des pseudos «compétences technocrates indépendantes» venues de l’étranger, aux CV bidonnés servis par des boîtes de communication.
Par Sémia Zouari *
C’est fou le nombre d’articles de presse, d’émissions télévisées, d’interviews radiophoniques, de publications sur les réseaux sociaux et les pages sponsorisées, passés sur commande, à la gloire de «compétences technocrates indépendantes» venues de l’étranger et parées de tous les lauriers, à en croire leurs laudateurs…
On nous jure que ces compétences sont indépendantes alors que, souvent, elles ont un passé politique au sein de la mouvance islamiste, depuis leur cursus étudiant.
On nous promet la Lune au nom de la pseudo technocratie
On nous parle de diplômes mirobolants, de parcours mirifiques, de succès extraordinaires à l’international alors qu’en réalité ce ne sont souvent que des formations complémentaires ou des certificats post universitaires, des fonctions obtenues grâce à un réseau relationnel d’allégeances politiciennes, des CV bidonnés servis par des journalistes achetés complaisamment lors de dîners d’affaires…
Aucun polytechnicien ou ingénieur des grandes écoles réputées mais des diplômes de structures périphériques, somme toute, bien modestes. Rien de quoi faire pavoiser ou donner des complexes aux diplômés des prestigieuses universités tunisiennes qui ont une bien meilleure connaissance des réalités du pays.
Et on nous promet la Lune, des solutions miracles qui régleraient tous nos problèmes économiques, financiers, sociaux, politiques, régionaux. Le mythe du retour de l’enfant prodigue servi ad nauseam au nom de la pseudo technocratie…
Comme si on ne les avait pas vu à l’œuvre ces «hommes providentiels» avec leurs cortèges de conseillers occultes et leur shadow cabinet… Pataugeant piteusement dans l’Administration, en totale méconnaissance de ses arcanes, du droit public et administratif, des statuts des ministères de souveraineté, de la comptabilité publique et de ses contraintes.
Des Léviathan arrogants, dominateurs et bonimenteurs
Se servant eux-mêmes pour utiliser cette vénérable Administration publique au service de leurs propres ambitions et celles de leurs proches, avides de reconnaissance, d’expositions médiatiques.
Des Léviathan arrogants et dominateurs prêts à jeter dans les méandres judiciaires d’honorables fonctionnaires, au nom d’une pseudo lutte contre la corruption, menée avec la complicité de personnes controversées et impliquées réellement dans de véritables affaires de malversations. Et tout cela, uniquement pour écarter ceux qui n’étaient pas assez serviles devant leurs exigences et celles des causes politiciennes ou simplement parce que leurs postes étaient convoités par d’autres.
Ces responsables égocentriques et arrogants n’avaient jamais le temps d’écouter ou de chercher à comprendre les véritables tenants et aboutissants des problèmes, de faire preuve d’équité. Ils étaient trop occupés dans les missions à l’étranger. Leur parcours tout bref qu’il fut, a été semé d’injustices irréparables, de misogynie. Aucune bienveillance et aucune empathie, aucune réelle concentration pour la compréhension des problématiques.
Le bal des vampires revenants
Inutile de citer des noms. Chacun s’y reconnaîtra s’il y a un tant soit peu d’intégrité intellectuelle et conscience des injustices commises.
Alors de grâce épargnez nous le bal des vampires revenants. Que ceux qui ont eu l’occasion de malmener l’Administration tunisienne et ses fonctionnaires, comprennent que, pour eux aussi, il ne saurait y avoir d’autres occasions d’exercer leur «compétence». Game over…
L’Administration tunisienne regorge de compétences intègres, patriotes, efficaces et discrètes qui sont de véritables serviteurs de l’Etat et grâce auxquelles la Tunisie reste debout. Elles sont connues de tous et dans chaque ministère il y a plusieurs compétences hautement qualifiées, notamment féminines, des quadras et des quinquas capables de gérer avec efficacité et bienveillance les affaires de l’Etat.
Inutile de placer des ministres profanes à qui il faudra apprendre le métier et dont il faudra gérer au quotidien les bévues et les exigences politiciennes.
La Tunisie est dans l’urgence et le temps nous est compté avec le risque de cessation de paiement.
Vite un gouvernement de jeunes grands commis de l’Etat, ils sont notre véritable chance.
* Diplomate.
Donnez votre avis