Abdellatif Mekki ne porte pas Qalb Tounes dans son cœur. Il ne l’a jamais dit explicitement mais ne l’a jamais caché non plus. Et après avoir poussé, comme il pouvait, pour que le parti de Nabil Karoui ne fasse pas partie du gouvernement de Habib Jemli, il ne veut visiblement pas que ce soit le cas avec celui d’Elyes Kakhfakh.
Invité ce matin, mercredi, 22 janvier 2020, sur Shems FM, le dirigeant au sein d’Ennahdha est revenu sur la désignation d’Elyes Fakhfakh en tant que chef du gouvernement par le président de la république, Kaïs Saïed, et notamment sur la position de son mouvement et celle de… Qalb Tounes, concernant ce choix.
Ayant mis en garde contre les pressions exercées sur Saïed lorsque ce dernier avait la mission de choisir un nouveau chef de gouvernement, Abdellatif Mekki a indiqué qu’il cherchait, par là, à «aider le président et mettre la pression [à son tour] à ceux qui la lui mettaient».
«Certaines de ces pressions étaient probablement motivées par une volonté étrangère», a-t-il, par ailleurs, ajouté, sans donner plus de précisions sur cette accusation.
Le dirigeant islamiste a, d’autre part, estimé que même s’il a changé de nom (faisant probablement allusion à Mongi Marzouk), le président Saïed est resté dans la «zone positive» en choisissant Elyes Fakhfakh. Une zone qui renferme également M. Marzouk et d’autres candidats qu’il s’est abstenu de nommer.
M. Mekki s’est, en tout cas, montré extrêmement satisfait de la désignation d’Elyes Fakhfakh, et a assuré qu’Ennahdha entretient d’excellents rapports avec l’ancien ministre du Tourisme et des Finances durant l’ère de la «Troïka», la coalition conduite par Ennahdha (janvier 2021-janvier 2014) et avec les autres dirigeants de son parti, Ettakatol (ou Forum démocratique pour le travail et les libertés, FDTL), à l’instar de Mustapha Ben Jaafar et de Khalil Zaouia.
Interrogé sur ce qu’il pense des réserves émises par Qalb Tounes, le parti qui a récolté le deuxième plus grand nombre de sièges au parlement (38), Abdellatif Mekki a sèchement répondu : «Qu’il soit dans l’opposition», tout en estimant que Qalb Tounes a des problèmes fondamentaux avec le choix Fakhfakh, laissant entendre par là que ce dernier, de tendance socio-démocrate, est réputé pour son opposition aux lobbys de la corruption, alors que Nabil Karoui, président de Qalb Tounes, et son frère Ghazi Karoui, député Qalb Tounes, sont poursuivis en justice dans des affaires de fraude fiscale, de corruption financière et de blanchiment d’argent.
C. B. Y.
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