A travers son porte-parole, Seifeddine Makhlouf, Al Karama a posé ses conditions pour participer au prochain gouvernement : pas de Qalb Tounes ni de Tahya Tounes. Mais ces paroles signifient-elles vraiment quelque chose ?
A la sortie de la réunion entre Elyes Fakhfakh, chargé par le président de la république, Kaïs Saïed, de former le prochain gouvernement, et les commissions communes des partis et coalitions concernés pas les concertations autour de cette question, le député d’Al Karama, Seifeddine Makhlouf, a déclaré, hier soir, 3 février 2020, que sa coalition ne participera pas à un gouvernement incluant Tahya Tounes ou Qalb Tounes.
«Notre proposition consiste en une colonne vertébrale composée des partis affiliés au courant révolutionnaire sur laquelle se basent les consultations», a-t-il développé.
Cette colonne vertébrale dont parle M. Makhlouf se composerait donc de 4 parties : Ennahdha, parti au pouvoir depuis 2011 et dont la vocation «révolutionnaire» reste encore à prouver, Attayar, Echaâb et Al Karama, qui constituent ensemble une majorité absolue au sein de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), capable, donc, de faire valider le gouvernement Fakhfakh.
Cependant, l’avocat islamiste a déjà fait ses preuves en matière de manque de crédibilité, notamment à travers ses déclarations exagérément changeantes et incohérentes, pour ne pas dire mensongères, lors des concertations autour de la formation du gouvernement de Habib Jemli.
Et au final, il s’est passé exactement ce qui était prévu, à savoir Al Karama a soutenu le gouvernement d’Ennahdha… tout en priant que Qalb Tounes, hésitant jusqu’à la dernière minute, intègre l’équipe.
Cette fois, la position d’Al Karama devrait suivre le même principe : s’accorder simplement avec celle du grand frère (musulman), le mouvement Ennahdha. Peu importe si Qalb Tounes, Tahya Tounes ou même le Parti destourien libre (PDL) participent ou pas à ce gouvernement, Al Karama en fera partie si Ennahdha y sera. Car cette coalition fait figure de satellite ou d’attrape-nigauds d’Ennahdha, créé pour recueillir les voix égarées de la famille islamiste.
C. B. Y.
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