Le président de la république Kaïs Saïed a reçu aujourd’hui, lundi 17 février 2020, le chef du gouvernement chargé de la gestion des affaires courantes, Youssef Chahed, et le président de l’Assemblée Rached Ghanouchi, pour discuter du blocage du processus de formation du gouvernement Fakhfakh et de la suite des événements et des décisions qui seront prises conformément à la constitution, notamment le recours aux élections anticipées.
S’adressant à Rached Ghannouchi, chef d’Ennahdha, le président de la république, qui estime que la crise que traverse actuellement la Tunisie est probablement la pire depuis l’indépendance du pays, en 1956, a rappelé que la constitution ne permet pas de retirer la confiance au chef du gouvernement chargé de la gestion des affaires courantes, comme cela avait été planifié par le parti islamiste.
«Nous pouvons, cependant, tous dépasser cette crise, en étant honnêtes et en respectant la constitution», a-t-il encore dit, en rappelant que le peuple l’a chargé de cette responsabilité en lui accordant sa confiance.
«Toute interprétation de la constitution n’est pas innocente. L’article 89 relatif à la formation du gouvernement, indique, entre autres, que les vainqueurs à l’issue des législatives doivent former leur gouvernement. Cela a été fait mais le parti vainqueur a échoué dans sa tentative et n’a pas obtenu la confiance de l’Assemblée», a rappelé le président Saïed, par allusion à Ennahdha, dont le candidat Habib Jemli n’a pas réussi à avoir la confiance de l’Assemblée.
Toujours en s’adressant à Rached Ghannouchi, Kaïs Saïed a rappelé que suite à cet échec, le président de la république a chargé la personnalité, qu’il estime la plus apte à former un gouvernement, Elyes Fakhfakh en l’occurrence : «Mais il semble aujourd’hui, qu’il est en difficulté. D’autant que certains, ayant annoncé leur participation au gouvernement, se sont retirés à la dernière minute», en référence à Ennahdha.
«Le président de la république est garant de la continuité de l’Etat et du respect de la constitution. Soit l’Assemblée accordera la confiance au gouvernement, soit il échouera et dans ce cas, toujours selon l’article 89 de la constitution, il n’y aura aucun vide. Que les Tunisiens soient rassurés», a ajouté M. Saïed.
Et de poursuivre : «La Tunisie ne peut pas rester dans l’impasse, et dans cette situation. Si le gouvernement n’obtient pas la confiance du parlement, nous aurons recours au peuple, c’est lui, comme le veut la constitution, qui dira son mot. C’est le peuple qui donne sa confiance et qui peut aussi la retirer. Le dernier mot revient à la constitution et au peuple», dans une allusion aux législatives anticipées.
Il reste à espérer que M. Ghannouchi et ses «frères musulmans» ont compris ce cours de droit constitutionnel et ne se hasardent pas à commettre la bêtise d’un putsch constitutionnel évoqué ces derniers jours par certains dirigeants islamistes, dont le chef de leur bloc parlementaire, le juriste Noureddine Bhiri.
Y. N.
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