Dans cette «Lettre ouverte à l’attention du Mohamed Ali Toumi, ministre du Tourisme et de l’Artisanat», l’auteur, ingénieur en blanchisserie, pose le problème de la blanchisserie hôtelière en cette période de pandémie de coronavirus (Covid-19).
Par Habib Glenza *
Face à la menace du coronavirus, je tiens à attirer votre attention sur la nécessité et l’urgence d’imposer, à toutes les blanchisseries hôtelières, la mise en place d’un système de maîtrise des risques de bio-contamination du linge hôtelier, qui risque de nous poser beaucoup de problèmes liés à l’hygiène du linge, lors de l’actuelle saison touristique.
Partout en Europe, en Allemagne, en Espagne, en Italie, en France, en Croatie, et autres pays touristiques occidentaux, les blanchisseries hôtelières ont l’obligation de mettre en place un système de maîtrise des risques de bio-contamination du linge, conformément à la norme RABC EN 14065, en vigueur depuis 2009, après la transformation du virus A/H1N1/ en pandémie.
À propos de la norme RABC
Comme je connais parfaitement les problèmes de nos blanchisseries hôtelières, liés à la qualité du linge et son impact sur les contestations et réclamations des clients et des TO, depuis que j’étais président de la Chambre syndicale des blanchisseurs de Tunisie, relevant de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica).
Aujourd’hui, les hôteliers ont l’obligation d’assurer à la fois la qualité du linge et la maîtrise des risques de bio-contamination, pour éviter des problèmes liés à la santé et les réclamations pouvant en découler.
La norme RABC EN 14065 (Risk analysis and biocontamination control) est un système de management de la qualité avec analyse supplémentaire des risques permettant de maîtriser les risques de bio-contamination des textiles traités en blanchisserie.
Cette norme a pour objectif de répondre aux questions que se posent les professionnels de la blanchisserie, par exemple celles-ci: «Quelle est la méthodologie exacte pour contrôler soi-même?»; «Faut-il mettre en place un circuit de linge contaminé?»; «Le lavage doit-il toujours comprendre un lavage bactéricide?»; «Faut-il laver les locaux tous les jours?»; «Le linge contenu dans une machine de lavage peut-il séjourner toute la nuit?»
La norme exige en effet un environnement propre et qui ne re-contamine pas le linge
La mise en place du système RABC
La mise en place, devenue impérative, de cette norme, révisée en 2016, évoque les risques épidémiques émergents en raison de la «résistance» aux antibiotiques, d’anciennes maladies parasitaires qui refont surface, des épidémies par des germes environnementaux très communs pouvant être apportés par du linge traité comme bacillus cereus et des virus.
Une revue complète des articles scientifiques publiés entre 1970 et 2015 faisant état d’épidémies liées au linge hospitalier a recensé 12 épidémies ayant touché des milliers de patients. Même si l’on tient compte du fait que ce recensement n’est certainement pas exhaustif, on peut qualifier ces événements d’assez rares et il serait téméraire de négliger ce risque qui peut se trouver soit à la blanchisserie (défaut de procédé, séchage incomplet, etc.), soit lors du transport ou du stockage au sein de l’hôpital (empoussièrement, stockage en zone humide).
Ainsi, l’exemple d’une épidémie survenue en 2009 à la Nouvelle-Orléans, aux Etats-Unis qui a provoqué le décès de 5 enfants d’un service d’hématologie en raison d’une infection par une moisissure qui s’était déposée sur du linge propre stocké à la blanchisserie dans un milieu humide.
Être conforme à la qualité hygiénique ou visuelle du linge
La norme européenne RABC a en effet été révisée en 2016 et une des principales nouveautés réside dans la nécessité de qualifier les procédés de lavages utilisés, c’est-à-dire qu’il faut démontrer leur efficacité pour obtenir le résultat bactériologique souhaité. Elle laisse la possibilité à chaque acteur de se responsabiliser en lui demandant de qualifier lui-même le process qu’il a choisi d’utiliser.
Cependant, il faut approfondir la qualification du lavage et adopter la meilleure méthodologie de prélèvement bactériologique. La norme RABC, fournit des préconisations pour les prélèvements dans l’eau, dans l’air et sur les différentes surfaces de la blanchisserie. L’objectif étant d’avoir un plan d’actions à mettre en place en fonction des résultats des prélèvements.
En guise de conclusion, disons que la norme RABC permet de faire la preuve de bonnes pratiques. Être certifié RABC aura pour valeur ajoutée de pouvoir prouver qu’on est toujours conforme à la qualité hygiénique ou visuelle du linge.
NB: L’auteur, ingénieur en blanchisserie, dispose de la technique de mise en place de la norme RABC EN 14065, relative à la bio-contamination du linge traité en blanchisserie hôtelière et hospitalière, ainsi que du procédé technologique de traitement chimico-thermique du linge en blanchisserie. Il est prêt à les mettre à la disposition de toutes parties concernées.
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