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Face à un parlement versatile, Kais Saied est le garant de l’indépendance nationale

Alors que Rached Ghannouchi, président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), manœuvre pour imposer à la Tunisie une alliance avec la Turquie et le Qatar, sur fond de soutien aux islamistes de Libye, l’heure n’est plus aux critiques contre le président Kaïs Saïed, mais à l’union autour de ce qu’il représente, en tant que garant du respect de la Constitution, de la continuité de l’Etat, et de l’inviolabilité du territoire national.

Par Mounir Hanablia *

Le député Seifeddine Makhlouf, chef de la coalition Al-Karama, a déclaré qu’une procédure d’«impeachment» serait engagée contre le président de la république pour des manquements graves à ses obligations. Le député a incriminé des propos populistes incitatifs à la désobéissance civile et contre le respect de l’autorité du pouvoir exécutif (gouvernement, administration) ou législatif (Assemblée des représentants du peuple).

Comme la coalition Al-Karama est considérée comme l’ersatz du parti Ennahdha, il s’agirait là d’un nouvel épisode du bras de fer engagé par l’actuel président de l’ARP, Rached Ghannouchi, afin de neutraliser les pouvoirs de la présidence de la république en la contraignant à la soumission, à la marginalisation, ou au départ.

Mésentente grave au plus haut sommet de l’Etat

Après le projet avorté d’alliance avec la Turquie de Recep Tayyip Erdogan et le Qatar, et dénoncé par la présidence, des réunions réunissant le Conseil national de sécurité s’étaient tenues sans que le président du parti islamiste y soit invité, comme il est habituellement d’usage de le faire, traduisant une mésentente grave au plus haut sommet de l’Etat.

L’enjeu en est bien sûr la politique étrangère du pays, domaine institutionnellement réservé de la présidence de la république, sur laquelle celle de l’ARP entend empiéter et assurer son emprise.

Plus spécifiquement, cette mésentente porterait sur le dossier libyen, et sur l’alliance avec la Turquie que le chef du parti Ennahdha entend imposer à l’Etat et au pays, qui risque de faire de la Tunisie un belligérant, aux côtés du gouvernement islamiste de Fayez Sarraj, dans la guerre actuelle qui se déroule en Libye.

Le président Kais Saied a fait acte de patriotisme et d’autorité en réagissant de la manière que l’on sait. Il s’est ainsi révélé être un rempart de l’indépendance du pays, contrairement à ce que ses détracteurs avaient annoncé, lors de son intronisation. C’est plutôt Qalb Tounès qui, en apportant ses voix pour l’intronisation de Rached Ghannouchi à la présidence de l’ARP, dont on perçoit finalement où elle entend conduire le pays, a trahi les espoirs de ses électeurs. On peut clairement comprendre à présent ce qui se serait passé si le chef de Qalb Tounès avait remporté les élections présidentielles.

Les vraies raisons de l’agitation de Rached Ghannouchi

Mais en procédant à une dissolution du bureau exécutif de son parti en cette période cruciale, sans doute pour éliminer toute contestation, Rached Ghannouchi a démontré que le patron d’Ennahdha, ce serait encore et toujours lui, et que ceux qui tableraient sur une éventuelle aile réformiste pour contester son pouvoir, ou pour imprimer au parti une direction «normale», se berceraient d’illusions.

Avec la guerre «institutionnelle» qui s’annonce contre le président de la république, et contre l’autorité de l’Etat, en l’absence de Cour constitutionnelle, le moment est venu pour les éléments patriotes au sein du parti Ennahdha, pour peu qu’il y en eût, de marquer leur refus d’une manière significative, face à une éventualité dont leur pays ne tirerait pas bénéfice.

Il est douteux qu’Erdogan se fut aventuré à envoyer ses soldats aussi loin de leurs bases sans de solides assurances de disposer d’une base arrière sûre en dehors du champ de bataille; il faudrait en établir la vérité. La conséquence en est qu’un conflit qui touchait à sa fin dans un pays voisin se prolonge, qu’il en risque éclatement définitif comme cela s’était déjà passé au Soudan, et que la sécurité de notre propre pays est menacée par les terroristes qui se regroupent à nos frontières et qui procèdent de temps à autre à des actes de piraterie contre notre propre population.

Face à cette situation mettant en péril notre souveraineté nationale, dont il faudra bien tenir un jour pour comptables ceux qui ici en sont responsables, l’heure n’est plus aux critiques contre le président de la république, mais à l’union autour de ce qu’il représente, en tant que garant du respect de la Constitution, de la continuité de l’Etat, et de l’inviolabilité du territoire national.

* Cardiologue, Gammarth, La Marsa.

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