Hédi Djilani, l’ancien président de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica), de 1987 à 2011, multiplie les cris de détresse dans des posts facebook traduisant une forte souffrance, mais qui ne rencontrent que l’indifférence.
L’homme d’affaires a été malmené après la révolution de janvier 2011 en raison de ses relations personnelles avec l’ancien président Ben Ali. Il a été harcelé par la justice, avant que son interdiction de voyage soit levée et que son passeport lui soit remis. Mais sa souffrance est restée forte et pénible. Et pour cause…
L’une de ses filles, Zohra, partie au Canada le 14 janvier 2011 avec son époux Belhassen Trabelsi, beau-frère de l’ancien président, vit toujours en exil dans ce pays, où elle a trouvé refuge avec ses enfants, dont les plus jeunes ne se souviennent même plus de leur pays natal.
L’autre, Dadou, vient de perdre son époux, Soufiane Ben Ali, neveu de l’ancien président, tombé malade en prison et décédé en 2018 après des années de souffrance.
Il y a comme un sentiment d’abandon chez Hédi Djilani qui fait qu’il déchante et qu’il désespère même. Meurtri et inconsolable, il multiplie les posts qui sont autant de cris de détresse et d’appels à l’aide, mais, à l’exception de quelques réactions de compassion sur sa page facebook, sa voix reste inaudible. Car, de peur de heurter l’opinion publique et pour ne pas insulter leur avenir politique (alors qu’ils n’en ont pas tellement en réalité eu égard à la lassitude des gens à leur endroit), les gouvernants successifs, qui veulent jouer aux révolutionnaires, font la sourde oreille.
Voilà ce que ce père et grand-père meurtri écrivait hier, samedi 13 juin 2020, en s’adressant à ses «bourreaux», entre deux invocation de Dieu : «Vous n’êtes pas fatigués de continuer à faire du mal, après 10 années, avec des morts, des malades, des orphelins, des mères qui pleurent, des veuves, des exilés de force, et des enfants isolés au Canada et ailleurs, qui ne connaissent rien de la Tunisie sinon que l’horreur des insultes et l’éloignement, avec des expropriations injustes et sans actes de justice. Yezzi, yezzi, yezzi… (Basta, basta, basta…, Ndlr) Il y a un bon Dieu qui vous observe, ce que vous avez fait et continuez à faire est ‘‘haram’’» (illicite).
À 72, Hédi Djilani est un patriarche fatigué. Il n’a plus qu’un souhait : voir sa fille et ses petits enfants exilés au Canada rentrer enfin au pays pour vivre auprès des leurs.
Qu’est-ce qui empêche un tel scénario de se réaliser ? La vengeance a trop duré, et elle est devenue criminelle, s’agissant d’une femme et de ses enfants n’ayant fait de mal à personne.
I. B.
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