L’homme d’affaires et président de l’Etoile sportive du Sahel (ESS), Ridha Charfeddine, a été choisi par le Bloc national comme candidat au poste de chef du gouvernement auprès du président de la république, Kaïs Saïed, qui est constitutionnellement chargé de remplacer le démissionnaire Elyes Fakhfakh.
Par Cherif Ben Younès
Pour rappel, le Bloc national est le groupe parlementaire qui réunit les élus du peuple ayant quitté Qalb Tounes. D’ailleurs, Charfeddine a accédé au Parlement en tant député du parti de Nabil Karoui, avant d’en démissionner en mars dernier.
L’annonce a été faite, ce mardi, 21 juillet 2020, par le président du bloc, Hatem Mliki, sur les ondes de Mosaïque FM.
Un absentéiste notoire
Critiqué pour avoir été le député le moins présent au Parlement lors de la mandature précédente (2014 – 2019) sous la bannière de Nidaa Tounes, parce qu’«il n’avait pas le temps» d’assister fréquemment aux plénières, selon sa propre déclaration, Ridha Charfeddine a quand même réussi à retourner à l’hémicycle du Bardo suite aux législatives de 2019.
Il est donc la preuve vivante que le peuple choisit mal ses représentants, sans même accorder de l’importance à un critère aussi évident et basique que le taux d’absentéisme au Parlement.
Mais ce n’est pas tout. Charfeddine a même été le (faux) candidat de Qalb Tounes pour présider l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), en octobre 2019. «Faux» car son bloc l’a retiré de la course à la dernière minute, sans doute comme prévu, pour que la voie soit libérée au candidat d’Ennahdha, Rached Ghannouchi.
Aujourd’hui, c’est au poste de chef de gouvernement (excusez du peu) qu’aspire le pharmacien.
Président de l’Etoile sportive du Sahel (ESS), cet ancrage régional a certes permis à Ridha Charfeddine de se faire réélire à Sousse, son fief, où il dirige par ailleurs un laboratoire de produits pharmaceutiques, Unimed.
Ces occupations ne lui ont pas laissé le temps pour faire le travail que l’on attend de lui en tant qu’élu de la nation. Lui laisseront-elles le temps de conduire le gouvernement d’un pays au bord de la banqueroute ?
Les petits calculs mesquins de M. Mliki
M. Mliki a peut-être besoin d’un bailleur de fonds pour le prochain parti qu’il ambitionne de créer, mais il oublie que la Tunisie a besoin d’un chef de gouvernement… à plein temps. Et non d’un dilettante, qui passe le plus clair de son temps dans les vestiaires des stades.
En plus, M. Charfeddine compte l’Etat tunisien parmi ses plus importants clients. M. Mliki et ses collègues n’ont-ils pas pensé à l’éventualité de nous valoir un autre scandale de conflit d’intérêts après celui ayant valu la démission d’Elyes Fakhfakh ?
Il n’y a pas que les Tunisiens qui ne savent pas choisir leurs représentants à l’Assemblée, leurs représentants eux-mêmes ne sont pas mieux outillés pour cet exercice.
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