Selon le député du mouvement Echaâb, Khaled Krichi, les tractations autour du choix du prochain chef de gouvernement entre les blocs parlementaires ayant signé la motion de destitution du président du Parlement, Rached Ghannouchi, ainsi que Qalb Tounes et les organisations nationales, pourraient aboutir à la présentation d’un candidat unifié au président de la république, Kaïs Saïed, et à la mise à l’écart du mouvement Ennahdha du prochain gouvernement.
Si on se fie aux dires de M. Krichi, la nouvelle coalition gouvernementale devrait être principalement composée des parti Attayar, Echaâb, Tahya Tounes, Qalb Tounes, en plus du bloc de la Réforme. Un attelage hétéroclite, que seul rassemble la volonté d’écarter Ennahdha, mais qui n’a aucune chance de tenir longtemps, si tant est qu’il puisse passer l’épreuve du vote de confiance du parlement.
Rappelons qu’au cours des concertations précédentes autour du choix d’un chef du gouvernement, juste après les élections de 2019, Mohamed Abbou, secrétaire général d’Attayar, avait déclaré qu’il n’était pas possible, mathématiquement, de former un gouvernement sans au moins l’un des deux partis classés premiers aux législatives, à savoir Ennahdha et Qalb Tounes, ajoutant qu’à contre-cœur son parti avait accepté de gouverner avec l’un d’entre eux uniquement, malgré les soupçons de corruption contre certains de leurs dirigeants.
Le choix d’Attayar s’était fixé à l’époque sur Ennahdha car il était le parti ayant gagné les élections, toujours selon Abbou.
Mais aujourd’hui, après la déclaration de Khaled Krichi, on peut penser que les partenaires d’Attayar au sein de la coalition gouvernementale actuelle l’ont convaincu d’essayer, cette fois, de collaborer avec Qalb Tounes et d’écarter Ennahdha. Il faut dire que ce dernier a tout fait durant les 4 mois et demi vécus par le gouvernement Fakhfakh à faire du partenariat avec lui une expérience très désagréable.
Abbou et sa troupe pourraient se dire qu’au bout du compte, gouverner avec Qalb Tounes ne pourrait pas être pire. Mais comment vont-ils justifier cette éventuelle alliance avec Nabil Karoui, président de Qalb Tounes, qui a une sérieuse affaire de corruption financière en cours, comme en témoigne le fait qu’il soit toujours interdit de voyager et de toucher à ses biens ?
Et ce dernier, va-t-il finalement tourner le dos à ses anciens-nouveaux amis d’Ennahdha qui ont tout fait pour l’inclure au gouvernement ?
Pour ce qui est des autres composantes de la coalition gouvernementale actuelle (Echaâb, Tahya Tounes et la Réforme), elles ont toujours montré plus de souplesse qu’Attayar concernant l’acceptation d’une alliance gouvernementale avec Qalb Tounes et ne devraient pas s’y opposer aujourd’hui, surtout si cela les débarrasse d’Ennahdha.
Mais si le but de la manœuvre était de désespérer totalement les Tunisiens de leurs dirigeants politiques, Attayar et ses alliés ne feraient pas autre chose que de s’allier avec Qalb Tounes qu’hier encore certains d’entre eux accusaient de corruption.
De toutes façon, si l’on croit les derniers sondages d’opinion, tous ces partis sont déjà tous cramés. Et l’on se dirige cahin-caha vers une nouvelle bi-polarité Ennahdha-Parti destourien libre, et un duel de titans entre Rached Ghannouchi et Abir Moussi. Tout le reste c’est peanuts…
Cherif Ben Younès
Donnez votre avis