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Elyes Fakhfakh : Mon départ a été orchestré par Ennahdha, Qalb Tounes et des contrebandiers

Interviewé pour la première fois depuis sa démission de la présidence du gouvernement, Elyes Fakhfakh a estimé qu’il était victime d’intérêts politiques étroits de tout un système «dont une partie était au pouvoir et l’autre à l’extérieur de celui-ci et voulant soit y entrer soit tout gâcher», par allusion à Ennahdha et Qalb Tounes.

Dans une interview accordée à Express FM, ce jeudi 23 juillet 2020, le chef du gouvernement chargé d’expédier les affaires courantes a indiqué que ces deux partis avaient réalisé une sorte d’«alliance sacrée» soutenue par un grand réseau d’intérêts, sans se soucier des situations sociale, économique et sécuritaire du pays.

En plus d’Ennahdha, «qui ne voulait, dès le départ, pas de ce gouvernement», et de Qalb Tounes, il y a des parties anonymes qui œuvraient à la chute de Fakhfakh, d’après ce dernier, notamment des contrebandiers, car, selon son analyse, son gouvernement s’est fixé pour principal objectif de combattre la corruption et l’économie informelle.

En ce qui concerne les soupçons de conflits d’intérêts dont il fait l’objet, l’ancien ministre du Tourisme et des Finances (2012 -2013) a estimé que son erreur était de ne pas avoir cédé ses parts dans des entreprises ayant des deals commerciaux avec l’Etat, dans les délais légaux, assurant qu’il était trop concentré sur la crise sanitaire relative au coronavirus.

Il a néanmoins regretté les exagérations qui ont, selon lui, accompagné le traitement médiatique et politique de ce dossier : «Est-ce que j’ai mis les 44 millions de dinars dans mes poches ?! Il s’agit d’une transaction sur 3 années entre l’État et une société dans laquelle je ne possède que 22% des actions et je n’ai aucun rôle de direction. De plus, je n’ai eu aucune influence lors de la conclusion de de la transaction publique.»

«Si c’était à refaire, je me serais occupé davantage de moi-même. C’est ce à quoi cette affaire nous a conduit : il faut prendre soin de soi-même avant de se soucier des problèmes de l’Etat et du peuple. J’aurais également dû enlever la casquette de chef de gouvernement et tout expliquer aux gens afin de ne pas leur laisser [ses détracteurs] l’occasion de faire du dossier tout un film», a-t-il regretté.

Concernant le rapport préliminaire du comité de contrôle du ministère de la Fonction publique, de la Gouvernance et de la Lutte contre la corruption relatif aux soupçons de conflits d’intérêts pesant sur lui, Elyes Fakhfakh a estimé que sa publication était trop hâtive. Il n’aurait, en effet, pas dû sortir avant la réponse de la Haute instance de la commande publique qui, selon lui, a assuré que la transaction était ordinaire.

Quant à la commission parlementaire chargée d’enquêter dans cette affaire, elle n’a pas de crédibilité aux yeux du chef du gouvernement démissionnaire, étant, d’après lui, «politisée».

C. B. Y.

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