Abdelkarim Harouni, dirigeant d’Ennahdha et président de son conseil de la Choura, assure que le gouvernement idéal pour la Tunisie serait partisan et essentiellement composé de son parti, qui a gagné les élections législatives, et de ses partenaires parlementaires, Qalb Tounes et Al-Karama.
Voulant attirer Hichem Mechichi, chef du gouvernement désigné, vers ce projet, il a assuré, ce mercredi 5 août 2020, sur les ondes d’Express FM, que ce front parlementaire dispose déjà de 120 députés : une centaine appartenant à la troïka susmentionnée, en plus des 20 élus qui ont voté contre la motion de retrait de confiance au président du Parlement et d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, et dont on ignore l’identité.
Pour rappel, les élus d’Ennahdha et d’Al-Karama avaient boycotté le vote, alors que ceux de Qalb Tounes (qui se sont présentés à la plénière) avaient présenté des bulletins de vote nuls.
Justifiant son idée, Harouni a indiqué qu’il n’était pas normal, pour lui, de mettre à l’écart les partis classés 1er, 2e et 4e aux élections législatives et de permettre à ceux qui sont minoritaires de gouverner seuls, assurant, en même temps, que son mouvement est favorable à l’intégration de toutes les forces parlementaires, dans le cadre d’un gouvernement d’union nationale, «à l’exception de celles qui s’excluent elles-mêmes», par allusion au Parti destourien libre (PDL), «et de celles qui ont la mentalité de l’exclusion», par allusion à Attayar et Echaâb, qui refusent ouvertement la participation d’Ennahdha au prochain gouvernement.
Pour le présumé intérêt du pays, Harouni propose donc de construire un gouvernement composé du parti ayant gouverné pendant les 9 dernières années et connu des échecs cuisants sur tous les plans (Ennahdha), celui dont le président fait face à des poursuites judiciaires pour des affaires de corruption financière (Qalb Tounes) et une coalition de l’extrême droite religieuse adoptant un discours violent et rétrograde (Al-Karama).
Il s’agit bien entendu d’une tentative désespérée de séduire Hichem Mechici, qui a, pour rappel, été désigné par le président de la république, Kaïs Saïed, après avoir demandé, juste-à-temps, à son prédécesseur, Elyes Fakhfakh, de présenter sa démission avant le traitement de la motion de censure parlementaire qui se préparait à son encontre. Et ce, afin de, justement, court-circuiter la formation d’un gouvernement nahdhaoui.
Que Mechichi opte finalement pour le projet présenté par M. Harouni semble carrément surréaliste, et ce dernier le sait très bien, mais veut quand même tenter sa chance…
Cherif Ben Younès
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