Après avoir brossé un tableau assez sombre de la situation générale en Tunisie, que d’ailleurs tout le monde connaît, Hichem Mechichi a expliqué que c’est la raison pour laquelle il a veillé à ce que son équipe gouvernementale «soit composée de compétences capables de réalisations effectives et rapides et de trouver des solutions pratiques aux différents problèmes». Traduire : les politiques ont fait perdre beaucoup de temps et d’opportunités aux pays.
Par Imed Bahri
S’adressant, aujourd’hui, mardi 1er septembre 2020, aux membres de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), dont il sollicite la confiance pour son gouvernement, M. Mechichi a assuré que son gouvernement «sera effectivement un gouvernement d’action et de réalisations adoptant une approche spécifique qui donne la priorité à l’efficacité», dans ce qui ressemble à un éloge de la technicité et de la technocratie. En d’autres termes, l’administration publique étant aujourd’hui aux commandes, vous allez voir ce que vous allez voir !
Une nouvelle approche pour arrêter l’hémorragie
Quelle est cette approche spécifique qu’on nous promet qui va révolutionner la gestion des affaires du pays ? Là aussi M. Mechichi s’est réfugié dans les généralités pour ne pas dire les mots creux et les vagues promesses. «C’est une approche fondée sur le sens de l’audace dans l’impulsion des changements et la recherche des solutions non habituelles et innovantes en puisant dans les moyens disponibles», dira-t-il. Et d’ajouter : «Notre défi réside dans une meilleure exploitation des ressources et une plus grande efficacité au niveau des interventions et des dépenses publiques pour arrêter l’hémorragie».
Comment assurer une meilleure exploitation des ressources par une réduction des dépenses publiques ? M. Mechichi promet de trouver une «méthode consensuelle pour répartir les charges en attendant l’amélioration de la situation, tout en renforçant la souveraineté nationale et en garantissant la sécurité énergétique, hydraulique et alimentaire»
C’est là tout un programme qui ne saurait être réalisé sans une politique d’austérité et d’augmentation (équitable) des charges fiscales, d’autant que, comme le précise le chef de gouvernement désigné, «l’arrêt de l’hémorragie enregistrée au niveau des finances publiques et des grands équilibres macro-économiques sera la priorité absolue pour notre travail à court terme, alors que la mise en route de programmes visant à améliorer progressivement les conditions économiques et sociales et concrétiser les grandes réformes sera parmi nos priorités à moyen et long termes.»
Rien de vraiment nouveau sous le soleil de Tunisie
Certes, mais les solutions préconisées à cet effet ne sont pas nouvelles et ont comme un goût de déjà vu : les mêmes remèdes solennellement déclamés par les précédents gouvernements mais jamais vraiment mis en application, en tout cas pas avec la fermeté et la rigueur requises, eu égard les pesanteurs, les résistances et même les pressions des lobbies d’intérêts, fortement représentés au sein de l’Assemblée, et qui sont uniquement soucieux de préserver leurs gains et privilèges dans un pays au bord de la faillite.
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