Le député et dirigeant de la coalition Al-Karama, Abdellatif Aloui, est revenu ce mardi, 8 septembre 2020, sur l’alliance de son groupe parlementaire avec celui de Qalb Tounes. Une alliance restée officieuse durant plusieurs mois et qui a été officiellement reconnue la semaine dernière par le président du bloc Al-Karama, Seifeddine Makhlouf.
Toutefois, Aloui préfère nuancer. «Il ne s’agit pas d’une alliance politique, mais d’une coordination parlementaire […] dans le cadre d’un front, qui garantira un minimum de stabilité parlementaire», a-t-il expliqué dans une déclaration accordée à Express FM, ajoutant que Qalb Tounes est aujourd’hui dans le gouvernement alors qu’Al-Karama est dans l’opposition, et qu’il est donc absurde de parler d’alliance entre les deux.
M. Aloui veut donc que le modèle politique du gouvernement Fakhfakh, qui consiste à ce qu’il y ait une alliance parlementaire parallèle à celle du gouvernement se reproduise, et ce, malgré la crise qu’il avait engendrée. En supposant, bien sûr, que Qalb Tounes fait réellement partie du gouvernement. Une information que le poète a lancée en tant qu’évidence et qui est pourtant, officiellement, fausse.
Cela dit, si on devait estimer que les partis ayant voté pour le gouvernement Mechichi en font partie, alors il faudrait en conclure qu’Al-Karama est également au pouvoir, car la vraie absurdité serait de dissocier cette coalition islamiste du mouvement Ennahdha.
Quoi qu’il en soit, le «je t’aime… moi non plus» dans la relation islamo-affairiste continue. Malgré le statut Facebook de Seifeddine Makhlouf, qui a essayé de justifier, tant bien que mal, ce «mariage», la petite famille du couple a toujours du mal à l’assumer, et préfère, à l’image de M. Aloui, tourner autour du pot…
Interrogé sur l’hostilité envers le parti de Nabil Karoui qui avait caractérisé les déclarations des dirigeants d’Al-Karama dans le passé, Aloui a, encore, manqué d’originalité en sortant, sans scrupules, l’argument amoral, qui est de plus en plus employé et banalisé par certains dirigeants politiques tunisiens : «Lors des campagnes électorales, chaque parti essaye de minimiser les chances de l’adversaire de gagner».
L’islamiste n’a toutefois pas eu le courage de compléter cette affirmation, dont la suite logique aurait dû être : «Il est donc normal qu’on vous mente et qu’on se foute de nos électeurs durant cette période».
Cherif Ben Younès
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