Dans ce pamphlet, l’auteur réagit aux méthodes de François Burgat, le chercheur français spécialisé dans la défense de l’islam politique et l’intimidation de ses collègues qui s’y opposent, en vendant ses services au tandem constitué par la Turquie et le Qatar, protecteurs et bailleurs de fonds de l’Organisation internationale des Frères musulmans.
Par Mohamed Chérif Ferjani *
Depuis des années, j’anime, avec mon collègue et ami, Haouès Séniguer, un séminaire de l’IREMMO que je fréquente depuis sa création; son fondateur, Jean-Paul Chagnollaud, m’a fait l’honneur de m’inviter à donner la première conférence publique de cet institut en 2011. À la lecture du programme de la journée du 31 octobre 2020 que nous allons animer au sujet du thème «Islam, islamismes, salafismes», François Burgat a vu rouge comme on doit s’y attendre de la part du chien de garde de la Cheikha Moza dont il préside le Centre à Paris, et du porteur de valise des islamistes, qu’il a toujours été depuis près de quarante ans en Algérie, en Tunisie, en Egypte, en Syrie, au Soudan, au Yémen, en Turquie et dans d’autres pays musulmans, ainsi que dans les pays où vivent des minorités musulmanes que les islamistes essayent de mobiliser pour leur cause. Il n’a pas trouvé mieux que de recourir aux mêmes méthodes que ses amis islamistes en écrivant à Jean-Paul Chagnollaud ce message qui révèle le degré de sa bassesse :
L’avocats des islamistes aux méthodes de bandit
Je laisserai à Haouès Séniguer le soin de répondre lui-même aux calomnies dont il fait l’objet depuis des années, comme d’autres chercheur(e)s qui ont le tort de critiquer les thèses et les projets des mouvements islamistes défendus bec et ongles par Burgat et ses disciples. Outre la calomnie, ces avocats des islamistes utilisent des méthodes qui n’ont pas leur place dans le monde de la recherche : intimidation, insinuation, dénonciations calomnieuses, culpabilisation, intrusion dans la vie privée pour trouver de quoi alimenter leur campagne contre ceux qui ne marchent pas avec eux, et pressions sur les commissions pour placer leurs acolytes et fermer la porte à ceux qu’ils considèrent comme des ennemis à abattre, distribution de bourses et d’allocations, association à des programmes abondamment financés par leurs réseaux islamistes – dont le Qatar et la Turquie – et par ceux qui voient dans les islamistes des alliés sur qui ils peuvent compter pour défendre leurs intérêts jadis assurés par les dictatures du FLN en Algérie, de Kadhafi en Libye, de Ben Ali en Tunisie, de Moubarak en Egypte et autres régimes autoritaires et monarchies dans divers pays musulmans.
Comme les islamophobes qui vous assimilent aux islamistes parce que vous êtes contre l’extrême droite, les identitaires, les politiques assimilant musulmans et islamistes, la colonisation et l’apartheid qu’Israël fait subir aux Palestiniens, les interventions des Etats-Unis, de l’Otan, de la France et de l’Europe pour imposer leur ordre en Irak, en Libye dans d’autres pays du Sud, Burgat et ses amis vous assimilent à Zemmour, aux théoriciens du «grand remplacement», à l’extrême-droite, au sionisme, et aux islamophobes de tout poil, parce que vous osez critiquer les islamistes, et leurs soutiens, la politique d’Erdogan en Turquie, en Syrie et en Libye, la politique du PJD au Maroc, d’Ennahdha et Rached Ghannouchi et leurs alliés en Tunisie, etc.
La lettre de Burgat à Jean-Paul Chagnollaud, calomniant mon collègue Haouès Séniguer et nous assimilant, lui et moi-même, à Zemmour, illustre cette vilenie. Cela fait plus de trente ans que je dénonce les méthodes de Burgat qui n’a jamais réussi à trouver dans mes écrits et prises de position la moindre connivence avec Bourguiba et Ben Ali dont j’ai combattu les politiques au moment où son ami Rached Ghannouchi collaborait avec eux et félicitait la «grâce de Dieu et de Ben Ali», ni avec aucune dictature, aucun régime autoritaire, aucune intervention des Etats-Unis, de la France et de leurs alliés dans les pays arabes ou ailleurs. On ne peut pas en dire autant des islamistes et de leurs avocats, comme François Burgat qui ont soutenu l’Arabie Saoudite lorsqu’elle était le plus grand soutien des Frères musulmans avant de se retourner contre elle et ses alliés Emiratis pour se mettre au service du Qatar et de la Turquie devenus leur plus grand protecteur.
La manne mise à la disposition de Burgat par le Qatar
Je ne sais pas comment va réagir Jean-Paul Chagnollaud à l’intimidation de Burgat; mais je sais que le banditisme de celui-ci impressionne beaucoup d’universitaires et de chercheurs qui ont peur de se voir accusés d’islamophobie, qui se laissent culpabiliser par ses comparaisons à l’emporte pièce entre l’attitude coloniale à l’égard du FLN en Algérie dans les années 1950-60 et la dénonciation des islamistes de nos jours, ou qui ont simplement envie de profiter de la manne mise à la disposition de Burgat et de ses amis par le Qatar et par les soutiens des islamistes.
C’est déplorable que le monde académique ne réagisse pas comme il se doit pour dénoncer ce genre de méthodes. Pour ma part, je n’ai jamais eu peur ni de la police de Bourguiba et de Ben Ali, ni de la police française quand je soutenais les luttes des travailleurs immigrés dans les années 1970 au prix de me voir privé du renouvellement de mon titre de séjour et d’être obligé de rentrer en Tunisie pour y passer plus de 5 ans de prison au moment où les islamistes étaient la main dans la main pour combattre la gauche, ni des islamistes et de leurs alliés quand ils ont assassiné mon ancien élève et mon ami Chokri Belaïd sans que Burgat et ses acolytes ne lèvent le petit doigt pour manifester la moindre indignation, ni des islamistes et de leurs amis en France.
J’espère que le monde de la recherche et les universitaires finiront par se réveiller et empêcher ces bandits de continuer à sévir impunément. A bon entendeur salut.
* Professeur Honoraire de l’Université Lyon2, Président du Haut Conseil Scientifique de Timbuktu Institute, African Center for Peace Studies.
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