«La Tunisie, terre d’accueil, ouverte à tous les courants, main tendue par l’Afrique, vers l’Europe et l’Asie. La Tunisie est, par vocation une zone de contact entre les civilisations, et une charnière entre les continents. Presque insulaire, la Tunisie est tournée vers le dehors, et semble lier son destin à l’aventure qui vient du large. Carthage est née de cette aventure.»
Par Kamel Eddine Ben Henia *
Voilà comment on présentait la Tunisie dans les années soixante, voilà comment on décrivait l’ambition des Tunisiens fiers de leur pays, et qui ont aspiré à la dignité, qu’ils croient avoir acquise.
Qui peut de nos jours tenir ce genre d’éloge ? C’est tout le contraire qui se passe aujour’hui, dans une Tunisie blessée.
Une personne trouble, une chaîne de télévision, pleine de mystères, et des incitations à la haine envers des personnages pour la plupart médiatiques, dans un silence de mort du parquet, et de la plupart des partis politiques même ceux dits de gauche ou modernistes, sans parler des deux présidences de l’exécutif; voilà le décor d’un drame qui se joue d’une façon flagrante dans une Tunisie meurtrie, et disloquée.
Une liberté qui défie toutes les valeurs
Ces comportements douteux et hostiles nous poussent à penser que la cassure est faite dans la société tunisienne, cassure qui va s’aggraver dans un avenir que tous redoutent, mais qui demeurent passifs face à cette comédie qui se joue depuis plus de dix ans, au nom d’une liberté qui défie toutes les valeurs.
Depuis dix ans la Tunisie a vécu au rythme du sarcasme d’individus nourris par une rancune injustifiée à l’égard de tout un peuple qui a travaillé des années durant pour construire ce pays, qu’ils s’acharnent à vouloir démolir. Ces personnages qu’on entend vociférer, un peu partout, sont-ils tout simplement Tunisiens? Ou font-ils partie d’un autre peuple, d’une toute autre contrée, armés d’une rage haineuse envers tout ce qui incarne la tunisianité de notre pays. Il est difficile de reconnaître en eux la moindre identité tunisienne.
Depuis dix ans, nous n’avons eu droit qu’aux dérapages de pseudo-révolutionnaires qui n’ont rien refusé de l’ancien régime, mais qui se présentent aujourd’hui en révolutionnaires, victimes d’une dictature qui s’est avérée moins destructrice qu’une démocratie taillée à la mesure des conquérants venus de toutes parts prendre part à la curée.
Des pseudo-révolutionnaires qui n’ont rien refusé de l’ancien régime
Depuis dix ans on n’a fait que fouiller dans le passé à la recherche de proies qui peuvent assurer leur survie, on est parti de l’époque beylicale, qu’on glorifie et victimise, parce qu’écartée par Bourguiba, puis on a réincarné le yousséfisme, mais sans résultat, on s’acharne alors sur tout ce qui a pu contribuer à la marche de la société tunisienne sous le règne de Ben Ali, et là personne n’en réchappe sauf ceux qui ont choisi de se mettre à l’abri, comme tout le monde le sait.
Entre autres attaques, j’ai pu découvrir que le site Kapitalis a été classé comme un site fantoche, au service de puissances étrangères qui le financent, et dont le but consiste à nuire à la transition démocratique, on a pris soin bien entendu de citer le nom son directeur, qui s’est trouvé livré à la vindicte partisane, sans que le parquet ne lève le petit doigt pour réprimer cette incitation au crime. Serais-je donc complice de trahison pour le simple fait d’adhérer à la ligne éditoriale de ce site ?
Le directeur de Kapitalis est coupable d’avoir appartenu un jour à une famille qui devait travailler sous un régime qu’elle n’a pas choisi, et qui selon les thèses sombres de nos stratèges actuels doit se confiner et ne plus réapparaître, et pourquoi pas ne quitterait-il le pays tant qu’on y est.
Un pays mu par la colère, la haine et la vengeance
Dans dix ans, il y aura certainement et toujours d’autres illuminés qui viendront nous révéler les abus commis par les dirigeants actuels, et qui comme de coutume stigmatiseront toute personne s‘étant trouvée par hasard dans le jeu politique tunisien actuel, et nous nous trouverons dans ce cercle infernal, dans un pays qui vit par la colère, la haine et la vengeance. On clouera au pilori toutes les bonnes volontés; on dénigrera tout ce qui peut nous rattacher à notre passé; et il ne restera plus qu’une meute d’enragés, que rien n’arrêtera et qui, à l’image d’un serpent qui veut se mordre la queue, continuera à virevolter sans jamais pouvoir l’atteindre
Où va la Tunisie ? Ou la notion d’Etat n’existe que timidement; et y a-t-il un responsable qui aura l’audace de nous expliquer un jour ce qui se passe réellement dans le pays ?
* Retraité.
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