Dans un entretien avec ‘‘Acharaa A-Magharibi’’, publié aujourd’hui, jeudi 14 janvier 2021, Lotfi Zitoun annonce sa démission définitive du parti islamiste Ennahdha, estime que le système des partis est caduque et conseille à Rached Ghannouchi, dont il avait longtemps été l’un des principaux conseilleurs, à éviter le sort de l’ancien président Zine Al-Abidine Ben Ali.
«Ma démission est définitive. On dit que celui qui démissionne d’Ennahdha finit politiquement. Lors de ma dernière rencontre avec le cheikh Ghannouchi, je lui ai dit : ‘‘Si j’échoue dans mon expérience post-Ennahdha, cela n’aura rien de nouveau… Vous aussi vous dites cela… Celui qui quitte Ennahdha est fini… Ma démission n’est pas une sécession ni une réaction à ce qui m’est arrivé au sein d’Ennahdha. Mon expérience avec Ennahdha s’est poursuivi 41 ans. Elle était pleine de combats, de débats et j’ai représenté ce mouvement au sein d’un gouvernement. J’ai vécu la prison et l’exil. Ce n’est donc pas une réaction», a souligné l’ancien ministre des Collectivités locales.
Pour lui, une époque vient de s’achever, celle des idéologies. «Je ne vois plus une idéologie capable de changer la situation dans un pays. Une idéologie peut mobiliser des gens dans des luttes efficaces, mais elle ne peut être un instrument efficace de construction. Et cela est valable pour toutes les idéologies, y compris celle à laquelle j’appartenais», explique Lotfi Zitoun. Il ajoute : «C’était une expérience et elle s’est terminée. Je commence une nouvelle phase. Cette nouvelle phase tourne autour de l’intérêt supérieur du pays et de l’Etat. Nous traversons une phase très difficile et nous devons chercher des remèdes que l’on peut retrouver dans le socialisme comme dans le libéralisme. Notre pays a trop vécu dans la division. C’est un petit pays et sa composition sociale, confessionnelle, religieuse ou linguistique est très simple. La Tunisie est parmi les pays les plus unis au monde. Les sociologues et les politologues pensent que la Tunisie est parmi les pays les mieux préparés pour la démocratie. Mais les anciens partis restent attachés à leurs carrés idéologiques et transforment l’idéologie en un instrument de lutte entre eux. L’idéologie est devenue un élément de division au point qu’on est arrivé aux adversités et aux assassinats politiques… alors que notre pays a plus besoin de se rassembler et de s’unir».
I. B.
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