Rim Mahjoub : «Saïed a plongé la Tunisie dans une crise encore plus grave»

La vice-présidente du parti Afek Tounes, Rim Mahjoub, a appelé aujourd’hui, lundi 23 août 2022, à des élections présidentielles anticipées, avant même les élections législatives anticipées prévues le 17 décembre prochain.

L’invitée de l’émission de Studio Shems sur Shems FM a déclaré que le président de la république Kaïs Saïed n’a pas actuellement de mandat populaire car il a été élu en 2019 sur la base de la constitution de 2014, qui a été dissoute entre-temps, et nous avons aujourd’hui une nouvelle constitution.

Mme Mahjoub a ajouté que si Saïed réussissait à gagner à nouveau les élections, il jouirait alors de la légalité et la légitimité requises pour le poste de président de la république, selon ses termes.

La Tunisie sous un régime de pouvoir unique

Le vice-président du parti Afek Tounes a également estimé que Saïed a plongé le pays dans une crise encore plus grave que celle sévissant avant la proclamation des mesures exceptionnelles le 25 juillet 2021, ajoutant que la nouvelle constitution confère de grands pouvoirs au président de la république qui sont incomparables avec ceux que lui conférait la constitution de 2014.

Tout en affirmant que «la Tunisie est aujourd’hui sous un régime non démocratique et sous un pouvoir unique, incarné par le président de la république», Mme Mahjoub a ajouté : «Après la promulgation de la nouvelle constitution, le président est devenu le seul responsable de ce qui se passe dans le pays aux niveaux économique et social», tout en appelant ce dernier à cesser de poser des questions dans ses discours et à présenter des solutions et sa vision réformiste.

Interrogée sur la position de son parti à propos de la nouvelle constitution, la vice-présidente du parti Afek Tounes a déclaré que le peuple tunisien a voté oui au référendum parce qu’il n’était pas conscient des enjeux. Il a voté aussi par peur et, croyait-il, pour empêcher le retour du système en place avant le 25 juillet, ajoutant  que «ceux qui ont boycotté le référendum et n’y ont pas participé ont, en réalité, voté oui», sachant que son parti y a participé en appelant à voter non.

Saïed s’est érigé en autorité constituante

«Tout ce pour quoi nous nous sommes battus à l’Assemblée constituante a été supprimé d’un trait de plume dans la nouvelle constitution», a regretté Mme Mahjoub, ajoutant que beaucoup de citoyens n’ont pas participé au référendum parce qu’ils étaient effrayés par le discours tendu du président et par la situation politique instable, et que beaucoup d’autres n’ont pas participé parce qu’il n’ont pas lu la constitution et n’ont pas connaissance de son contenu, alors ils ont préféré ne pas participer.

«La constitution est un fait accompli et Kaïs Saïed s’est érigé en autorité constituante», a déclaré Rim Mahjoub, ajoutant que «la Tunisie est aujourd’hui sous la république de Kaïs Saïed, qui s’est imposé comme une autorité constituante».

Mme Mahjoub a affirmé que les militants de son parti croient à l’État de droit et respectent ses institutions et qu’ils résisteront à toutes les tentatives visant à saper le processus démocratique.

Elle a enfin affirmé qu’il ne fait aucun doute que la prochaine loi électorale sera élaborée de manière personnelle, car M. Saïed va poursuivre sa démarche individualiste et unilatérale et continuer sur la voie personnelle qu’il s’est choisie, réitérant la volonté des membres de son parti d’affronter toute loi qui ne respecte pas l’État de droit.

I. B.  

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