Le remaniement ministériel annoncé ce soir apporte la preuve définitive que c’est Rached Ghannouchi qui gouverne la Tunisie.
Par Imed Bahri
Le remaniement ministériel annoncé mercredi soir par le chef du gouvernement Habib Essid prouve, s’il en est encore besoin, l’influence grandissante d’Ennahdha sur les décisions importantes de l’Etat tunisien. Et si la liste des nouveaux promus ne contient aucun dirigeant connu du parti islamiste, il n’est un secret pour personne que certains des noms annoncés dans ce remaniement ont été proposés et fortement soutenus par Rached Ghannouchi.
C’est le cas du nouveau ministre de l’Intérieur, Hedi Majdoub, du ministre de la Justice, Omar Mansour, ou encore du ministre de l’Energie et des Mines, Mongi Marzouk. Ce dernier fut même ministre des Technologies de l’information et de la communication, de janvier 2012 à janvier 2014, dans les gouvernements de la Troïka 1 et 2, conduits par les islamistes Hamadi Jebali et Ali Larayedh.
C’est le cas aussi de Khaled Chouket, nouveau ministre des Relations avec l’Assemblée des représentants du peuple et Porte-parole du gouvernement. Ce dernier s’est certes fait élire sur une liste de Nidaa Tounes aux législatives de 2014, mais il est de notoriété publique qu’il est un ancien militant d’Ennahdha et son «bourguibisme tapageur» d’aujourd’hui est de pur affichage, qui prouve son opportunisme politique.
Autre preuve qu’Ennahdha a pesé de tout son poids sur le remaniement ministériel annoncé ce soir par Habib Essid: Zied Ladhari, l’improbable ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, unique ministre nahdhaoui du cabinet sortant, a été maintenu à son poste, alors qu’il était complètement invisible, effacé et presque absent pendant toute une année. Il n’a rien fait de concret ou de mémorable dans les deux secteurs qui lui ont été confiés, au moment où le chômage touche 15% de la population active et plus de 40% des diplômés du supérieur. M. Ladhari, ancien porte-parole d’Ennahdha, peut donc continuer à dormir au département dont il a la charge, le cheikh veille sur sa longévité politique.
Quant au départ de Othman Battikh, ex-ministre des Affaires religieuses, il était d’autant plus prévisible et attendu que les dirigeants d’Ennahdha ont exigé sa peau et l’ont finalement obtenue, car ni le président de la république Béji Caïd Essebsi ni le chef du gouvernement Habib Essid n’ont cru devoir défendre son bilan, pourtant très apprécié par les Tunisiens.
Le «crime» de Othman Battikh aux yeux des Nahdhaouis est d’avoir combattu l’utilisation des mosquées par Ennahdha comme des tribunes politiques, notamment en limogeant les imams et prédicateurs qui faisaient du prosélytisme politique dans les mosquées.
S’il faut encore une preuve que c’est Ghannouchi qui gouverne la Tunisie, indirectement, en manipulant des marionnettes appelées Caïd Essebsi et Essid, elle est définitivement apportée par ce remaniement ministériel qui porte l’empreinte très reconnaissable du cheikh.
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