En Tunisie, nous allons bientôt franchir la barre symbolique des 10.000 morts par la Covid-19, ce qui n’est pas un chiffre négligeable pour un pays de 11 millions d’habitants. Que ces morts soient enterrés comme d’illustres inconnus ou aient droit à un deuil à la hauteur de la souffrance de leurs familles est presque une question très secondaire. Et dire que ne nous sommes en train de voir qu’une petite partie de la catastrophe sanitaire ?
Par Dr Faouzi Addad *
Certes, nous ne sommes pas, en Tunisie, plus performants que les nombreux pays européens qui n’ont pu éviter le drame de la Covid-19 mais, à la différence de ces pays, nous avons eu une chance unique d’être cités en exemple dans la gestion de la crise liée à cette pandémie lors de la première vague. Nous avons dilapidé ce capital de confiance et nous sommes devenus un pays pointé du doigt où le ou les virus circulent à grande vitesse sans une couverture vaccinale à la hauteur de la situation épidémiologique.
Pire encore, nous n’avons pas encore été capables de vacciner correctement notre population âgée de plus de 65 ans. Une population livrée à elle-même, et qui lutte d’un autre côté contre une crise économique sans précédent.
Mourir de la Covid-19 ou mourir de faim c’est kif-kif, vous lanceront certains, ironiques ou fatalistes. Encore est-il que le Tunisien est en mode survie dans tous les sens du terme. Et l’action n’est pas encore au rendez-vous.
Quelle stratégie avec le vaccin Pfizer ?
Par ailleurs, et même si en Tunisie, nous ne sommes malheureusement pas encore vraiment concernés par ce débat, la stratégie vaccinale avec le vaccin Pfizer semble tourner autour de 2 grandes options qui nécessitent un positionnement clair de nos experts pour plus de clarté.
La 1ère option venant du géant américain Pfizer serait de faire une 3e injection 6 mois après la 2e et un rappel tous les ans afin de garder une «bonne immunité» qui se maintiendrait dans le temps, tout en disant clairement que cela dépendrait des mutants qui peuvent surgir entre-temps.
La 2e option, proposée par l’Académie nationale de médecine en France sur la base de deux études, l’une émanant du Centre pour le contrôle et la prévention des maladies et l’autre britannique, préconise d’espacer de 6 mois la 1ère et la 2e injection afin d’élargir le nombre de vaccinés et d’atteindre au plus vite une immunité collective.
La saga des vaccins est loin d’être finie
Une seule dose du vaccin ARNm offre une protection de 80% 15 jours après la 1ère dose ce qui est déjà important. Sauf que cela nécessite une bonne réponse immunitaire et ne devrait donc être appliqué qu’aux moins de 55 ans qui sont la tranche d’âge la plus immunocompétente. Cette stratégie ne devrait donc pas être valable pour les plus âgés.
Seul bémol dans cette 2e option c’est que, d’après certains immuno-biologistes, l’espacement des doses présente le désavantage de faire émerger des mutants. Une histoire sans fin…
Pour les «Pfizerisés», la saga des vaccins n’est donc pas encore finie, le géant pharmaceutique américain vous aime bien, alors que pour les «Spoutnik-vaccinés» (mois de ramadan oblige), ils ont eu la promesse des Russes de 2 ans d’immunité avec les 2 injections différentes en contenu (allez savoir sur quelles bases).
Beaucoup de réflexions et de stratégies selon l’âge sont à revoir et les rebondissements seront nombreux. C’est là aussi un feuilleton ramadanesque.
* Professeur en cardiologie.
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