La présidente du Parti destourien libre (PDL), Abir Moussi, a critiqué hier, mercredi 21 avril 2021, sur les ondes de Jawhara FM, la nomination qui est en même temps une promotion importante (faut-il le signaler ?) de Lazhar Loungou qui passe d’attaché sécuritaire à l’ambassade de Tunisie en France à directeur des services spécialisés, c’est-à-dire des renseignements généraux.
Par Imed Bahri
Mme Moussi a formulé à ce propos trois remarques pertinentes. D’abord sur la personne de Lazhar Loungou dont la décision de limogeage de son poste d’attaché sécuritaire à l’ambassade de Tunisie en France par l’ex-ministre de l’Intérieur, Taoufik Charfeddine, le 5 janvier dernier, a causé le limogeage de ce dernier le jour-même par Hichem Mechichi, et une fois Charfeddine limogé, Mechichi avait annulé le limogeage de Loungou et l’a confirmé dans son poste à Paris, prélude sans doute à sa dernière promotion. Aujourd’hui, le même Loungou est nommé à la tête d’une direction à la fois très importante et très délicate, les services spéciaux.
Une bien douteuse promotion qui apparaît comme une provocation
Abir Moussi estime que beaucoup de suspicions entourent l’indéboulonnable attaché sécuritaire à l’ambassade de Tunisie à Paris qui est resté en poste pendant plusieurs années, des suspicions à prendre au sérieux, a-t-elle dit.
Ensuite celle que ses partisans surnomment «La lionne», et qui est la principale figure de l’opposition au règne du parti islamiste Ennahdha et de son serviteur zélé, Hichem Mechichi, attire aussi l’attention sur le timing de cette promotion pour le moins controversée. «Pourquoi maintenant ?», s’interroge-elle à juste titre. Pourquoi cette nomination intervient-elle juste après le discours du président de la république Kaïs Saïed, le 18 avril, à l’occasion du 65e anniversaire de la création des forces de sécurité intérieure, où il estime que toutes les forces armées (y compris les forces de sécurité) sont sous sa tutelle, laissant entendre qu’il doit être consulté avant les nominations dans les hauts postes sécuritaires ?
Il faut être vraiment idiot pour ne pas comprendre que cette nomination est faite pour narguer et défier Saïed, de lui dire que les forces de sécurité ne sont pas sous ta tutelle et ce n’est pas lui qui nomme les hommes aux postes clés.
Pire, la personne nommée, comme une énième provocation du tandem Hichem Mechichi Rached Ghannouchi, président de l’Assemblée et du parti islamiste Ennahdha, est celle dont la tentative de limogeage a coûté sa place à Taoufik Charfeddine, un proche parmi les proches de M. Saïed.
Enfin, celle que ses partisans surnomment aussi «Abboura qahirat ajboura» (Abboura qui défie les ploucs) alerte sur la sensibilité du poste en question «Les services spécialisés sont l’âme du ministère de l’Intérieur alors si on va jouer avec, c’en est fini!», a-t-elle déclaré.
Qui est Lazhar Loungou et ce qu’Ennahdha attend de lui ?
Il convient de rappeler ici que Lazhar Loungou était au service du clan Ben Ali à la veille de la révolution du 14 janvier 2011, avant retourner la veste et de se mettre au service d’Ennahdha pour faire oublier ses turpitudes anciennes et se remettre en selle. «Les dirigeants d’Ennahdha qui sont derrière sa dernière nomination, connaissent bien son passé et s’ils l’ont fait caracoler à la tête des services des renseignements, c’est dans le but de l’utiliser et de le mettre à leur service», a affirmé, hier, mercredi 21 avril, l’analyste et chroniqueur politique Tarek Kahlaoui, sur la radio IFM.
L’ancien directeur général de l’Institut tunisien des études stratégiques (Ites) et ancien dirigeant du Congrès pour la république (CpR), qui était proche de l’ancien président de la république par intérim Moncef Marzouki et qui fit partie, de janvier 2012 à janvier 2015, de la «troïka», l’ancienne coalition gouvernementale conduite par Ennahdha, sait de quoi (et de qui) il parle, pour avoir milité aux côtés des dirigeants du parti islamiste tunisien avant et après la chute de Ben Ali. Il n’est pas difficile de deviner en quoi Rached Ghannouchi et sa smala islamo-affairiste vont utiliser Lazhar Loungou, un homme dont les syndicats sécuritaires appréhendent la promotion. Ils n’ont d’ailleurs pas manqué, à l’annonce hier de sa nomination, de diffuser sur les réseaux sociaux des éléments très instructifs sur son bien douteux passé.
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