‘‘Bis’’, dernière création du Jeune Théâtre National, adaptée de ‘‘Manque’’ de Sarah Kane, tient en haleine le public et réussit à le déranger dans son confort.
Par Hamdi Hmaidi
Dans le jeu de l’acteur, rester immobile (assis ou debout) pendant 70 minutes est une véritable gageure, car il faut vraiment être un grand comédien pour pouvoir rendre compte de l’ébullition intérieure sans esquisser le moindre mouvement.
Dans le discours théâtral, les règles élémentaires de la communication exigent que l’on sache qui parle, à qui il s’adresse et ce qu’il cherche à transmettre. Ces normes peuvent ne pas être observées par des auteurs d’exception dotés d’un grand talent.
Les quatre praticiens du Jeune Théâtre National qui ont coécrit ‘‘Bis’’ et l’ont jouée en avant-première, le 15 janvier 2016 au Quatrième Art, sous la direction de Sonia Zargayouna, n’avaient nullement la prétention d’être de grands génies. Et pourtant, ils ont osé et ils ont relevé le défi.
‘‘Bis’’ est vaguement inspiré d’une œuvre de la dramaturge britannique Sarah Kane, qui s’est donné la mort en 1999 à l’âge de 28 ans. Bien que la fiche de présentation ne prenne pas la peine de le signaler, il s’agit de ‘‘Manque’’, pièce créée en 1998. Comme dans le texte de Sarah Kane, quatre personnages (2 filles et 2 garçons) sans identité précise, sans relations claires, parlent de choses et d’autres sans que l’on sache qui s’adresse réellement à qui.
Loin des lumières de la ville, dans un endroit escarpé où l’on ne voit que feuilles mortes et mousse verdâtre, ces quatre personnages débusquent ce qu’il y a d’étrange dans le familier : l’amour, la relation fille-mère, la relation fille-père, l’identité, l’absurde de l’existence…
Bassem Aloui, Toumadher Zrelli, Abderrahim Bahrini et Wissal Laabidi ont tenu en haleine le public pendant tout le spectacle et ont ainsi réussi le pari de nous déranger dans notre confort et de nous amener à nous poser plus d’une question.
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