Pour mobiliser les ressources financières dont il a besoin pour boucler son budget pour l’exercice 2021 et et faire face aux incertitudes de 2022, l’Etat tunisien sera-t-il amené à décréter une triple amnistie, fiscale, sociale et de change, en espérant augmenter ainsi ses recettes ?
Par Amine Ben Gamra *
Le gouvernement tunisien est, aujourd’hui, devant un véritable casse-tête : où trouver l’argent pour boucler son budget pour l’exercice 2021 et faire face aux incertitudes de 2022 ? Comment mobiliser les ressources financières nécessaires en augmentant les recettes fiscales alors que le taux de mortalité des entreprises est en hausse, que le pessimisme s’empare des entrepreneurs, que le taux de chômage s’aggrave et que le malaise social s’accentue ?
Une triple amnistie pour quoi faire ?
Face à cette situation, certains pensent qu’une triple amnistie pourrait être une solution : une amnistie fiscale, sociale et de change permettrait de mobiliser des ressources inespérées en augmentant les recettes de l’Etat, estiment-ils, même si une pareille décision pourrait susciter une levée de bouclier chez les partisans de la lutte contre la corruption et l’évasion fiscale, qui gangrènent l’économie nationale. Il s’agit aussi de soigner un système fiscal «malade» et fort déséquilibré et de soutenir les entreprises malmenées par la crise.
Face aux problèmes insolubles (créances impayées, manque de trésorerie, baisse d’activité), certains entrepreneurs n’ont d’autre solution que de mettre la clé sous le paillasson. Car, en l’absence de mouvements sur leurs comptes bancaires, surtout que le secteur bancaire refuse de leur accorder de nouveaux crédits en raison de la conjuncture à risque induite par la crise sanitaire du Covid -19, beaucoup d’entreprises s’enfoncent dans le marasme.
Manque de visibilité et l’absence de perspectives
A tous ces problèmes viennent se greffer le manque de visibilité et l’absence de perspectives, qui empêchent les opérateurs économiques d’envisager l’avenir et de prendre davantage de risques.
Cette situation requiert une intervention rapide de la part du gouvernement pour mettre en confiance les entrepreneurs aux prises avec le doute, encourager les investisseurs et épauler les petites et moyennes entreprises en effaçant leurs arriérés fiscaux et sociaux, en partie ou en totalité, grâce à une amnistie fiscale et/ou sociale. En aidant à relancer l’activité des entreprises, une telle amnistie permettra de redresser l’économie et, par ricochet, de renflouer les caisses de l’Etat. Bien entendu, elle doit être conditionnée par le respect d’un certain nombre de critères et d’exigences dont la transparence des comptes est la clé de voûte.
* Expert comptable, commissaire aux comptes, membre de l’Ordre des experts comptable de Tunisie.
Articles du même auteur dans Kapitalis :
Fuite des capitaux et monopoles : deux fléaux de l’économie tunisienne
Le statu quo actuel en Tunisie ne plaide pas en sa faveur auprès du FMI
La Tunisie ne pourra pas s’en sortir sans des financements exceptionnels qui restent à trouver
Donnez votre avis