Ghazi Chaouachi a publié hier, samedi 27 novembre 2021, un post sur sa page Facebook où il appelle les Tunisiens à se révolter contre Kaïs Saïed qui, en décrétant les «mesures exceptionnelle», le 25 juillet dernier, a mis au chômage la quasi-totalité de la classe politique tunisienne, laquelle avait déjà perdu toute crédibilité au regard de leurs compatriotes bien avant cette date.
Par Imed Bahri
Nous publions ci-dessous la traduction du commentaire du secrétaire général du Courant démocrate et le commenterons ensuite : «Quand le peuple tunisien va-t-il sortir enfin de son sommeil et de sa transe pour prendre le contrôle de ses affaires, corriger la trajectoire de sa démocratie menacée et sauver son Etat de l’effondrement en renouant avec la raison, la sagesse et la bon sens ? Car le peuple qui ne peut pas se réveiller de son sommeil à temps et avant qu’il ne soit trop tard ne peut pas récupérer ses droits, construire son avenir et réaliser ses espoirs d’une vie décente.»
Dure dure la traversée du désert
M. Chaouachi, dont le mandat de ministre des Domaines de l’État et des Affaires foncières a été trop court, soit 6 mois et 6 jours, du 15 juillet au 2 septembre 2020, a de bonnes raisons de s’ennuyer ferme, d’autant plus que son parti ne brille pas par une effervescence d’activités et sommeille même autant sinon davantage que les Tunisiens auxquels son appel à la révolte s’adresse.
L’avocat d’affaires s’ennuie également parce qu’au-delà des postes Facebook critiquant le président Kaïs Saïed et son «coup d’Etat» qu’il publie de temps à autre, il est quasiment inaudible et n’a plus les faveurs des médias audio-visuels. Or, ces gens-là, hier encore inconnus, invisibles et sans voix, qui se sont trouvés propulsés brusquement sur les devants de la scène politique sans avoir ni milité pour une quelconque cause ni brillé ni vraiment mérité le respect et l’admiration de leurs concitoyens, deviennent si accros aux lumières qu’ils ne supportent plus de rentrer dans les rangs ou de se morfondre dans l’ombre. Pour eux, la traversée du désert, qui est le lot de tout homme politique qui se trouve recalé, mis sur la touche ou déclassé par une évolution inattendue de la situation, devient insupportable. Et comme, ils n’ont ni visions, ni idées, ni programmes, ni projets mobilisateurs à faire partager par leurs éventuels électeurs, ils s’adonnent à la seule activité pour laquelle ils ont encore quelque talent : les petites combines, les manœuvres de bas étage et les croche-pieds.
Appels désespérés à la désobéissance civile
C’est donc dans le contexte de cette morosité ambiante qu’il faut situer l’appel lancé par M. Chaouachi aux Tunisiens pour qu’ils se révoltent contre le président de la république qui, faut-il le préciser, sans briller lui non plus par une activité débordante, plafonne à plus de 80% d’intentions de vote, loin, très loin, devant toute la faune des poursuivants. De quoi désespérer tous ses adversaires qui ne savent plus comment le déstabiliser et recourent aux procédés éculés dans l’espoir d’y parvenir, comme ces appels désespérés à la désobéissance civile qui ne sauraient être pris au sérieux par les Tunisiens d’autant que ces derniers ont perdu toute confiance dans les partis, s’ils ne les méprise pas totalement.
Dans son poste Facebook cité ci-haut, M. Chaouachi ment sur au moins deux points : le premier concerne ce qu’il a appelé la «démocratie menacée» par le président Saïed, car non seulement, ce que les Tunisiens, en descendant en masse dans la rue, le 25 juillet, pour appeler à dissoudre le parlement, ont voulu abattre, c’est bien cette «fausse démocratie» basée sur le clientélisme, la corruption et les combinazione, qui ont valu à leur pays de passer, en moins de dix ans, du statut de pays pré-émergent à celui de pays presque failli, conséquence de dix ans de mauvaise gouvernance, de pillage et d’instabilité.
Le second mensonge consiste à laisser entendre que cette démocratie d’opérette, que les Tunisiens troqueraient désormais volontiers avec une dictature éclairée et responsable, est menacée et que la solution de tous les problèmes de la Tunisie actuelle réside dans le retour à la situation antérieure au 25 juillet et à la reprise en main des destinées du pays par ceux-là mêmes qui ont causé sa banqueroute : les Moncef Marzouki, Rached Ghannouchi, Ghazi Chaouachi & Co.
Non seulement ce double mensonge n’a aucune chance de tromper les Tunisiens, mais M. Chaouachi serait bien inspiré de se taire momentanément, lui et ses camarades pressés de revenir aux affaires, car plus ils ouvrent la gueule pour parler, plus ils renforcent la position de celui qu’ils cherchent à détrôner. Et pour cause, aux yeux des Tunisiens, la seule vraie menace aujourd’hui pour la démocratie tunisienne, c’est bien celle du retour de ces vautours affamés de pouvoirs et de privilèges…
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