La plateforme Evax.tn consacrée à la gestion de la campagne nationale de vaccination en Tunisie est tombée en panne pendant trois jours. Redevenue fonctionnelle à partir de ce matin, jeudi 23 décembre 2021, les gens ont pu enfin retirer leur pass vaccinal. Mais cette panne doit nous interpeller et nous inciter à réévaluer tous nos systèmes informatiques, notamment au niveau de leur sécurité.
Par Faouzi Ben Abderrahman *
La plateforme Evax a explosé devant l’afflux des citoyens dans les derniers jours face à l’échéance du 22 décembre 2021, délai imposé par un décret présidentiel pour l’exigence du pass vaccinal à l’entrée de toutes les institutions, les établissements et les lieux publics.
Plus de 1 million de nos compatriotes de plus de 40 ans qui ne voulaient pas se faire vacciner ont été obligés de le faire dans le dernier quart d’heure de la dernière journée (c’est une caractéristique culturelle et qui était très prévisible).
Lamentablement conçue et médiocrement taillée
La plateforme Evax a été lamentablement conçue et médiocrement taillée pour faire face à un afflux exceptionnel, et de plus elle est aujourd’hui critiquée très serieusement pour ses failles de sécurité (c’est d’ailleurs la seconde fois ou toute la base de donnée explose).
Les centres de vaccination sont restés une journée de grand afflux exceptionnel sans informatique et ont géré manuellement avec un grand nombre de cas qui ne sauraient être mis à jour définitivement.
Le message de la vaccination arrive en général quelques minutes avant la vaccination effective, un grand nombre de nos concitoyens récalcitrants choisissent de quitter les lieux avant de se faire vacciner, ce qui a obligé certains centres de prendre la carte d’identité des vaccinés et de la leur remettre après la vaccination.
Le document du pass vaccinal tient sur deux pages alors qu’il est possible de le faire tenir sur une moitié de page.
Face à la médiocrité rampante
Bien entendu, nous sommes dans le pays où l’évaluation est une culture étrangère et aucune amélioration n’est attendue d’un Etat tenu par une administration aux prises avec une médiocrité rampante qui gagne du terrain tous les jours et dont notre «peuple béni» profite pour des passe-droits et des détournements qui font le bonheur d’un trop grand nombre de citoyens de tous âges. Tout ceci devait être prévisible. Mais ce qui reste impardonnable ce sont les failles de la sécurité.
Cette plateforme à elle seule est une insulte à l’intelligence et à la compétence tunisienne. Mais la responsabilité est partagée, comme le dit le proverbe bien de chez nous : «Chouia mil-henna w-chouia min rtabet el-idine» (c’est la faute du henné mais aussi des mains).
* Ancien ministre de l’Emploi et de la Formation.
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