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Tunisie : Le budget de l’Etat 2022 sauvé par le gong

Ministère des Finances à Tunis.

Une fois n’est pas coutume, et puisque rien avec le président Kaïs Saïed ne se déroule comme on s’y est habitué jusque-là, le budget de l’Etat et la loi de finances pour 2022 vont être annoncés à trois jours de la fin de l’année 2021, qui plus est, imposés sans discussion par décision régalienne. C’est ce que le locataire du palais de Carthage appelle de «nouvelles procédures innovantes». Innovez, innovez !


Le budget de l’Etat et la loi de finances pour 2022 devaient habituellement être annoncés dès le 15 octobre de chaque année pour être débattus et, éventuellement, amendés par l’Assemblée. Cette année, avec «l’état d’exception» instauré par le président Kaïs Saïed et le gel de l’Assemblée depuis le 25 juillet, on a attendu jusqu’à la fin de décembre pour voir ces documents essentiels au fonctionnement de l’Etat enfin révélés, qui plus est partiellement, 15 pages où les chiffres présentés tiennent plus du wishful thinking que du budget en bonne et due forme, alors que les informations sur les difficultés financières de l’Etat se précisent et suscitent beaucoup d’inquiétude dans l’opinion publique.

La présentation officielle de ce document, qui va sans doute mécontenter tout le monde, adopté sans discussion par le conseil des ministres, a été confiée à un collège de ministres, à savoir ceux des Finances Sihem Boughdiri Nemsia, de l’Économie et de la Planification Samir Saïed, du Commerce et du Développement des exportations, Fadhila Rebhi, de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie Neïla Nouira Gongi, et de l’Emploi et de Formation professionnelle et porte-parole du gouvernement Nasreddine Nsibi, au cours d’une conférence de presse ce mardi 28 décembre, soit la veille de la célébration d’un jour de l’an pas comme les autres et qui se déroulera dans une atmosphère de morosité et d’appréhension.

Le budget de l’Etat tunisien pour l’année 2022 est estimé à 47.166 milliards de dinars, à comparer aux recettes du budget de l’Etat qui se limitent, selon des estimations optimistes, à 38.618 milliards de dinars, soit un déficit budgétaire de 8.548 milliards de dinars, selon le document officiel qui devrait être publié incessamment par le Journal officielle de la république tunisienne (Jort).

Ce chiffre est trois fois plus important que celui du budget annuel de l’Etat en 2010, la veille de la fumeuse «révolution» dont les Tunisiens n’ont vu jusque-là que la mauvaise gouvernance, la hausse de l’inflation, la baisse du pouvoir d’achat et l’aggravation du chômage, malgré les sureffectifs de la fonction publique qui emploie désormais près de 700 000 salariés contre «seulement» 350 000 il y a 10 ans. Difficile de trouver un exemple plus parlant de la gabegie ayant régné à la tête de l’Etat depuis 2010.

Par ailleurs, et selon le même document, les revenus de l’Etat espérés en 2022 se répartissent entre recettes fiscales (35 091 milliards de dinars), revenus non fiscaux (3 067 milliards de dinars) et dons (460 millions de dinars).

I. B.

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