La Banque africaine de développement (BAD) met à la disposition de la Tunisie 768 millions de dinars (MD) pouvant être décaissés en 2015.
C’est ce qu’a affirmé, jeudi 11 juin 2015, Philippe Trape, économiste principal chargé de la Tunisie à la banque panafricaine.
Revenant sur la stratégie-pays intérimaire de 2014-2015 de la BAD pour la Tunisie, objet d’un atelier tenu à Tunis, M. Trape a rappelé qu’elle visait, principalement, à aider le pays «à créer les conditions d’une accélération de la croissance et de la création d’emploi dans un souci d’équilibre interrégional et de développement inclusif, tout en permettant à l’économie tunisienne de progresser sur l’échelle de la valeur ajoutée».
La stratégie, axée sur les infrastructures et la gouvernance a, cependant, réalisé peu d’avancées au niveau du 1er pilier en raison, notamment, des difficultés du pays à progresser sur les réformes et l’impact qualitatif limité de la stratégie en raison de la période courte de sa mise en œuvre (18 mois).
L’économiste a noté que l’outil de stratégie intérimaire apparaît adapté à la situation de transition. Toutefois, «son contenu ne doit pas être trop ambitieux».
«La stratégie intérimaire est adoptée par la BAD pour les pays, dont la situation se caractérise par l’absence de visibilité sur le moyen terme comme, c’est le cas pour la Tunisie durant les 4 dernières années en l’absence de plan quinquennal», a rappelé le directeur de la coopération régionale au ministère du Développement et de la Coopération Internationale, Adel Ben Ali, indiquant que, durant cette étape, le taux de décaissement a dépassé les 60% pour les projets et 22% pour les dons.
L’atelier, qui a également porté sur les perspectives de coopération BAD-Tunisie pour la période 2016/2020, a réuni des représentants des partenaires techniques, des administrations et des acteurs de la société civile.
Raouf Nouisser, directeur central à la Société nationale d’exploitation et de distribution des eaux (Sonede), a fait savoir que la Tunisie qui sera confrontée, dans les prochaines années, à un important déficit hydrique, est appelée à réaliser des projets de mobilisation de ressources en eaux non conventionnelles.
Il s’est interrogé sur la disposition de la BAD à financer ces mégaprojets dans les meilleurs délais d’autant qu’ils doivent entrer en exploitation dans 4 ans et que la Tunisie pourrait faire face à des difficultés en matière de mobilisation de ressources hydrauliques en 2018.
Le représentant de la Confédération nationale des entreprises citoyennes (Conect) a noté, de son côté, que le concours de la BAD au secteur privé demeure très faible, tout en soulignant l’importance de l’encouragement de la banque panafricaine aux projets interrégionaux et au partenariat public-privé.
Selon les documents de la BAD, le portefeuille actif de la banque en Tunisie s’élevait, au 30 avril 2015, à 1,105 milliard de dollars. Il comprenait 38 opérations dont 11 projets financés à partir de prêts BAD et 27 assistances techniques pour un montant total de 27,16 millions dollars.
Le secteur public représente 96% de l’ensemble des opérations en cours (dont 2,2% d’assistances technique), contre 4% pour le secteur privé.
Concernant sa composition sectorielle, le portefeuille reste largement dominé par les infrastructures (87% des ressources allouées), le reliquat se répartissant entre l’agriculture (7,4%) les finances (4,3%), le social (0,7%), la gouvernance et le multisectoriel (0,6%).
La BAD est un partenaire historique de la Tunisie, qui fait partie des 3 plus importants bénéficiaires de ses financements.
I. B. (avec Tap).
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