En tant que médecin spécialiste des maladies des enfants, je suis quotidiennement interrogé par les mamans sur des questions en lien avec l’enfant et la maladie Covid-19. Ces questions méritent des réponses claires, réfléchies et argumentées afin de mieux informer, rassurer et aider.
Par Dr Salem Sahli *
J’ai choisi d’aborder trois situations fréquentes qui nécessitent des éclaircissements :
1- Les nouveau-nés de mères infectées par le coronavirus
En maternité, la séparation de la mère et de son enfant n’est pas souhaitable. L’enfant peut être mis, dès la naissance, en contact avec sa mère qui doit porter un masque dit chirurgical. Il ne faut JAMAIS mettre de masque au bébé. La mère et son enfant doivent être isolés dans une chambre individuelle et les visites sont limitées au père avec port du masque dès l’entrée à l’hôpital. L’allaitement maternel n’est pas contre-indiqué, il est même recommandé. Les règles d’hygiène habituelles doivent être respectées : port du masque, hygiène des mains et des surfaces. Durant le sommeil, le berceau doit être mis à plus de deux mètres.
2- Particularités de la maladie chez le nourrisson et l’enfant
Jusqu’ici, le coronavirus avait entraîné très peu de formes graves chez les enfants, la plupart de ces formes étant dues à des comorbidités.
L’infection à coronavirus est beaucoup plus rare chez les bébés et les symptômes sont bénins dans l’immense majorité des cas. Chez les jeunes enfants, les symptômes les plus fréquents sont la fièvre, la toux, la fatigue, et les troubles digestifs (diarrhées, nausées, vomissements). Ces symptômes disparaissent généralement au bout de quelques jours. L’avis du pédiatre ou du médecin traitant est toujours souhaitable même en l’absence de signes de gravité. Il faut éviter de se référer aux forums en ligne.
Les signes de gravité sont : les difficultés pour le bébé à s’alimenter (refus des biberons, épuisement à la prise de ceux-ci, ou vomissements systématiques), la fièvre élevée ne cédant pas ou mal au paracétamol, la baisse du tonus, de l’activité spontanée, l’enfant trop somnolent, le changement de couleur de peau (forte pâleur, marbrures inhabituelles, ou contour bleuté des lèvres).
3- Faut-il vacciner les enfants ?
Depuis plusieurs semaines, la communauté scientifique, les politiques et le public en général s’interrogent sur la pertinence d’inclure les mineurs dans la stratégie vaccinale anti-Covid-19. Certains pays européens comme la France ont décidé d’autoriser la vaccination à partir de 12 ans.
Les avis sur ce sujet sont partagés et chacun y va de son argumentaire. En gros, on distingue deux attitudes : La première est pour la vaccination des enfants même si le rapport bénéfice-risque individuel est faible puisque, comme on l’a dit précédemment, les formes graves de Covid-19 chez l’enfant sont rares en l’absence de pathologies associées.
L’idée est de vacciner les enfants et les adolescents pour limiter la circulation du virus et prévenir l’émergence d’un nouveau variant qui passerait au travers du bouclier immunitaire qu’on lui oppose. Là, la question est déplacée vers un rapport bénéfice-risque collectif et non individuel. Le schéma s’approche de la stratégie dite «Zéro Covid». Pour retourner à une vie normale, pour ne plus prendre le risque de fermer les établissements scolaires notamment, on va décider de réduire la circulation du virus à un niveau très faible. Et pour cela, il faut atteindre une immunité collective qui soit de l’ordre de 80 ou 90%. Cela veut dire qu’il va falloir vacciner également ceux qui font circuler le virus et particulièrement les plus jeunes.
La deuxième attitude, qui est aussi la mienne, est contre la vaccination des enfants pour l’instant. Ses adeptes recommandent d’attendre d’avoir des données beaucoup plus précises sur les effets secondaires à long terme des vaccins utilisés avant de lancer la vaccination massive chez les enfants.
En effet, plusieurs médecins et chercheurs questionnent le sérieux des études menées actuellement sur l’efficacité du vaccin chez les enfants puisque ces études portent sur des petites séries, qu’elles concernent pour le moment les adolescents et que certaines ont été menées par le laboratoire Pfizer qui produit lui-même le vaccin le plus fréquemment utilisé. Dès lors, quel crédit accorder à une étude de Pfizer sur son propre vaccin?
Décidément tout est allé trop vite avec cette pandémie. Depuis la découverte et le décryptage du virus Sars-Cov-2, jusqu’à la mise au point des vaccins ARN messager, en passant par les tests PCR et antigéniques, seuls quelques mois se sont écoulés. Il faut certes applaudir ce triomphe de la recherche biologique, mais la sagesse nous dicte aussi de demeurer vigilants quant aux éventuels effets pervers de ces découvertes ultrarapides. L’histoire de la médecine est truffée de bonnes intentions qui ont mal tourné et les tragédies de la Thalidomide ou du Distilbène (DES) sont encore dans toutes les mémoires.
Tout laisse à penser qu’on n’a pas encore totalement exploré le risque lié à la vaccination chez l’enfant. Alors de grâce, souvenons-nous du vieil adage que tout médecin doit respecter dans l’exercice de son art : Primum non nocere, ce qui veut dire «D’abord ne pas nuire».
* Pédiatre.
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