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La nécropole de Pupput : un trésor d’archéologie au cœur d’Hammamet

En 1999, des fouilles archéologiques avaient eu lieu à Hammamet dans les zones avoisinant le site de Pupput (nom antique de la ville d’Hammamet) au cœur de la zone touristique. Plusieurs équipes de scientifiques, archéologues, historiens, anthropologues… tunisiens et internationaux s’y étaient relayées depuis cette date et pendant plusieurs années.

Par Dr Salem Sahli *

Leurs travaux ont permis de découvrir une importante nécropole romaine datant du premier siècle après J.-C. et parfaitement conservée. La surface estimée du site est de deux hectares et demi. A ce jour, 8 000 m² ont été fouillés, correspondant à environ 1 500 sépultures groupées pour la plupart dans des enclos familiaux. Il s’agit, de l’avis de tous les spécialistes qui ont travaillé sur ce projet, d’un site archéologique de première importance en Afrique du Nord et dans le bassin méditerranéen.

En effet, la structure et l’organisation de l’ensemble funéraire ainsi que les milliers d’objets et matériaux recueillis vont sans doute permettre une approche renouvelée de la vie des citoyens de Pupput sur une période allant du IIème au IVe siècle.

Un intérêt scientifique, historique et culturel

D’ailleurs, les premiers résultats de ce travail ont été publiés dans un bel ouvrage collectif sous la direction d’Aicha Ben Abed et Marc Griesheimer. Ce livre, paru à la fin 2004 et intitulé «La nécropole romaine de Pupput», fournit une somme d’informations sur les rites funéraires qui se pratiquaient dans cette vaste nécropole ainsi que l’origine sociale des défunts. Les chaînes de télévision Arte et TV5 ont récemment diffusé un film documentaire sur le sujet, «Hammamet au temps des Romains». C’est dire l’intérêt scientifique, historique et culturel de cette nécropole.

Malheureusement, ce trésor inestimable situé au cœur de la ville d’Hammamet ne semble pas intéresser les autorités locales outre mesure. A quelques mètres de la route touristique sud, archéologues, anthropologues et autres scientifiques et étudiants avaient travaillé, dans l’indifférence totale, à fouiller notre passé pour comprendre notre présent et interroger nos ancêtres pour cerner qui nous sommes.

Pourtant, l’Association d’éducation relative à l’environnement d’Hammamet (Aere) a organisé nombre d’activités afin de sensibiliser les citoyens et les décideurs, et les inciter à réfléchir à des orientations pratiques permettant de soutenir les initiatives entreprises dans le domaine de l’étude, la diffusion, la sauvegarde, la mise en valeur et la gestion de notre riche patrimoine culturel en général et archéologique en particulier.

Des richesses historiques et patrimoniales

Nous avons même publié un livret intitulé «Raconte-moi Hammamet», sorte d’outil pédagogique qui ambitionne de diffuser les connaissances disponibles sur le patrimoine de la ville auprès du public et de permettre aux citoyens et visiteurs de découvrir ou de redécouvrir les richesses qui les entourent et d’avoir envie d’en savoir davantage sur son Histoire.

Cela fait des années que l’on entend parler de tourisme culturel à Hammamet avec des flots de promesses mais des progrès au compte-gouttes. Nous pensons qu’il est grand temps de mettre à profit les richesses historiques et patrimoniales dont Hammamet est porteuse et de capitaliser les atouts culturels qu’elle recèle afin de hisser la ville au rang de pôle culturel national voire méditerranéen. Cela suppose d’abord que l’on cesse de considérer Hammamet comme une longue corniche de plages ponctuée de pizzerias et de bazars peuplés d’affreux petits chameaux en peau de lapin. «Pensez-vous que le touriste est un être stupide qui vient chez-nous uniquement pour manger, dormir et bailler au bord de l’eau ?», s’exclama un jour notre ami Raja Farhat.

* Secrétaire général de l’Aere, Hammamet.

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