Les conséquences de la guerre en Ukraine sur les cours mondiaux des céréales commencent à se ressentir durement par tous les Etats importateurs. Sauf par la Tunisie, qui importe plus de la moitié de ses besoins, et dont les responsables publics affichent une nonchalance pour le moins irresponsable.
Par Leith Lakhoua
Commentant des conséquences de la guerre en Ukraine sur les éventuelles pénuries de blé, le président de la chambre nationale des propriétaires des grandes surfaces, Hedi Baccour, a dit que la vision n’est pas encore claire, ce qui est vraiment fort étonnant quand on sait que plus de 47% des importations tunisiennes en blé proviennent d’Ukraine, encore plus étonnantes sont les déclarations de Abdelhalim Guesmi, directeur général des Etudes et du Développement agricole concernant l’approvisionnement en blé quand il dit que la situation n’est pas inquiétante alors que le stock en blé dont dispose la Tunisie est de seulement deux mois, alors que notre récolte attendue pour le mois de juin ne dispose pas encore des moyens nécessaires pour un stockage optimisé et qu’on risque d’en dilapider une partie, comme ce fût le cas en 2019, si on ne s’y prend pas maintenant notamment pour la construction des silos de stockage.
Ceci sans parler du fait que cette guerre s’inscrira sûrement dans la durée et que nous aurons dès lors une perturbation du trafic en mer Noire et des retards dans les livraisons des cargaisons de blé importé, ce qui entraînera des coûts supplémentaires, notamment une hausse des prix du fret maritime qui se répercuteront sur le prix final du produit.
N’est-il pas étonnant que ces responsables, soucieux de calmer l’inquiétude des citoyens face à l’irréversible montée des prix des produits alimentaires, ne voient pas le problème arriver alors que les faits sont là et bien réels et que la Tunisie commence à subir non seulement les conséquences de la guerre mais aussi celles de la nonchalance de ses responsables, qui continuent à appliquer la politique de l’autruche qui consiste à refuser de voir le danger là où il est.
* Agriculteur et fondateur et ex-président du Synagri.
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