La démolition des constructions anarchiques sur le domaine public maritime dans la ville de Sousse, œuvre d’hôteliers qui se croyaient au-dessus de la loi, de l’Etat et de la nation, continue d’alimenter la polémique. Beaucoup, comme l’auteur de cette tribune, voient dans cet acte responsable le début de la restauration de l’Etat de droit, de la démocratie, de la justice et de l’égalité des citoyens, longtemps bafoués par des criminels friqués qui ont réussi, des décennies durant, à mettre l’Etat exclusivement à leur service.
Par Kamel Essoussi *
Terrible la réaction de ces hôteliers sur facebook ces deux derniers jours sur la matinale de Shems FM animée par Myriam Belkadhi. Une vraie levée de boucliers. Les spoliateurs du littoral de Sousse ont sorti l’artillerie lourde pour tirer sur le maire de Sousse, l’Agence de protection et d’aménagement du littoral (Apal) et tous les autochtones soussiens et tunisiens interdits de plage, de vue de la mer, d’air, d’iode marine, de marche sur front de mer depuis des décennies.
Ils justifient l’injustifiable
Mohamed Boughalleb, tout en baves, la fille de Lazhar Sta, la sulfureuse chroniqueuse tout en clignements de faux cils de pin up, le député du parlement dissous Hafedh Zouari n’y sont pas allés de main morte pour justifier l’injustifiable : le viol du littoral, des lois de la nature, de la mer, du domaine public maritime, du droit des citoyens à l’air iodé…
Restituer la mer aux citoyens et à la ville devant deux touristes paumés à deux balles qui filment la scène est un crime de lèse-majesté pour Boughalleb. Eriger le mur de la honte à même le trottoir, construire une station d’épuration des eaux à même le sable, creuser un tunnel sous la voie publique, y mettre des molosses tout crocs dehors pour dissuader les gens de mettre les pieds sur sable, planter des palmiers à même les eaux pour empêcher les citoyens de faire trempette, puis daller le sable , y planter des jardins privatifs, y construire des villas qu’on transforme en bars… Tout ça pour Ghalleb s’appelle démolition de l’Etat. Et pourtant c’est la seule fois où on construit l’Etat.
Oui «Ya Si» Boughalleb, c’est la seule fois où on sent la présence de l’Etat. Oui «Ya Si» Boughalleb, cette bétonneuse qui détruit ce que les hôteliers ont construit illégalement est une construction… de la ville de Sousse, de l’Etat tunisien à travers Sousse, de la démocratie à partir de Sousse, de la justice et de l’égalité des citoyens à partir de Sousse.
En restituant le droit, on ne détruit pas, on construit
Deux ans que la mairie de Sousse les appelle à restituer l’indû, en procès tous gagnés, en recours à l’amiable, en sommations d’huissiers avec en face des tergiversations, des pressions politiques à partir de Tunis, depuis le gouvernement Chahed jusqu’aux derniers des élus à l’ancienne assemblée bouillonnante avec des hôteliers aux bras longs qui y siégeait et celle des «knatryas» (contrebandiers) et des passes droit en tout, aujourd’hui «congelée».
Non «Ya Si» Boughalleb, toute la société civile et tous les citoyens de Sousse applaudissent le nouveau conseil municipal. Ce ne sont pas vos cris sur Shems FM vendredi matin, ni les posts facebook scandalisés de députés hommes d’affaires «congelés», et encore moins les jérémiades de sulfureuses chroniqueuses, propriétaires bien friquées, qui vont nous faire croire que restituer le droit dans ce pays à travers la mairie de Sousse, rendre l’éclat de la ville de Sousse qui est médina et front de mer n’a jamais été une destruction du tourisme, ni une volonté de nuire aux hommes d’affaires et aux hôteliers. Bien au contraire… C’est tout bénef pour eux et pour les générations futures de Sousse. Et ce n’est que justice pour la plus belle ville au monde.
* Consultant.
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