Le choix des membres de la commission électorale par le président Kaïs Saïed peut donner le même résultat celui , assez contesté, de la défunte commission présidée par Nabil Baffoun, comme il peut donner un excellent résultat, si les personnes retenues prennent leur mission au sérieux et, surtout, assument leur totale indépendance d’esprit et de jugement.
Par Mustapha Mezghani
L’indépendance d’un organe de gouvernance repose, en premier lieu sur l’indépendance tde ses membres. Cette indépendance des membres est avant tout une indépendance de d’esprit et de jugement. En d’autres termes, une fois élus, ces membres doivent être indépendants de celui ou de ceux qui les ont nommés. Ils doivent être conscients que, même s’ils sont là où ils sont grâce à ceux qui les ont nommés, ils ne sont pas là pour leur rendre service et ne doivent surtout pas leur faire allégeance. Ils ne doivent servir que les intérêts de l’institution de laquelle ils sont dorénavant membres et tout faire pour que cette institution remplisse sa mission dans les meilleures conditions.
Tout comme un médecin doit faire fi de ses a priori et n’a pas à porter de jugement sur son patient (quels que soient son passé, sa religion ou ses choix de vie, etc.). Tout comme un juge doit aussi faire fi de tous ses a priori et n’a pas à porter de jugement sur la personne, (quel que soit son passé, sa religion ou ses choix de vie, etc.), mais juger les faits,
Le membre de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie) doit se détacher de celui qui lui a permis d’accéder à l’instance et faire fi de ses orientations et choix politiques et faire convenablement son travail de manière à refléter les choix des votants tout en mettant tous les candidats sur le même pied d’égalité et en les obligeant à respecter les règles du jeu. Ceci exige aussi que les règles du jeu soient convenablement fixées et empêchent, effectivement, tout abus.
Concernant l’Isie, nous avons tous constaté que le mode de sélection des anciens membres n’avait pas donné ses fruits. Le vote à la majorité par l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), vu qu’il n’y a aucune majorité franche et surtout la forte présence de la connotation politique, s’est converti en marchandage entre les groupes parlementaires. Ceux qui sont passés sont ceux qui avaient le plus d’appui et, parfois, pas les plus compétents et qui ont généralement fait allégeance à leurs appuis respectifs.
Le choix des membres de l’Isie par le président de la république peut aussi donner le même résultat, comme il peut donner un excellent résultat, tout dépend des personnes retenues et de leur capacité à prendre leur mission au sérieux et, surtout à assumer leur indépendance d’esprit et de jugement.
* Ancien Pdg de Tunisie Tradenet et ancien conseiller de plusieurs ministres.
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