Doublement primé à la Berlinale 2016, ‘‘Inhebbek Hedi’’ de Mohamed Ben Attia connait un vif succès depuis sa sortie en salles en Tunisie.
Par Fawz Ben Ali
Doublement primé à la 66e édition du Festival international du film de Berlin (Berlinale, 11-21 février 2016), le premier long métrage de Mohamed Ben Attia ‘‘Inhebbek Hedi’’ a fait sa sortie nationale le 14 mars 2016, dans plusieurs villes tunisiennes.
Sélectionné à la compétition officielle de la Berlinale avec 17 autres films, ‘‘Inhebbek Hedi’’ est le premier film tunisien et arabe à figurer dans le programme de cette prestigieuse manifestation cinématographique internationale, depuis 20 ans. Le dernier film en date fut aussi tunisien, ‘‘Un été à la Goulette’’ de Férid Boughedir.
L’équipe du film à la Berlinale.
Une nouvelle ère du cinéma tunisien
En remportant le prix du premier meilleur film (décerné au réalisateur Mohamed Ben Attia) et l’Ours d’argent du meilleur acteur (décerné à Majd Mastoura), ‘‘Inhebbek Hedi’’ a créé l’événement et réalisé une première pour le cinéma tunisien.
Il faut dire que la vie culturelle en Tunisie connait une véritable floraison créative ces derniers temps. En effet, un vent de liberté toute neuve nous présage les prémices d’une nouvelle ère du cinéma tunisien, peut-être son âge d’or.
Encadré par la productrice Dora Bouchoucha (Nomadis Images), Mohamed Ben Attia signe son premier long-métrage avec un casting minutieusement étudié : Majd Mastoura, Rim Ben Messaoud et Sabah Bouzouita sont habités par leurs rôles.
Dans son film, le réalisateur pose les grandes questions qui taraudent la jeunesse tunisienne en mal d’avenir, au lendemain de la Révolution : lutter ou se résigner, partir ou rester, suivre son cœur ou sa raison ?
Il raconte l’émancipation presque illégitime d’un jeune homme de 25 ans, Hédi, incarné par Majd Mastoura. Entre un travail qui l’ennuie, une société qui l’étouffe et une mère qui le castre et le façonne, Hédi subit sa vie et demeure en marge de ses rêves et de ses désirs.
Se libérer d’une mère castratrice.
Une révolution intime
A quelques jours de son mariage, le jeune homme décide de tout plaquer pour Rim, une danseuse de 30 ans qu’il vient de rencontrer et qui chamboule son être et sa petite vie, jusque-là tranquille. Cette histoire d’amour passionnelle et impossible à la fois est une révélation pour Hédi, c’est l’éveil qu’il a toujours attendu sans le savoir.
Taciturne et d’un naturel presque enfantin, Hédi prend vie sous nos yeux.
Longtemps écrasé sous les pesanteurs sociales, il prend finalement son destin en main et crie un grand «Non !» à cette vie tracée d’avance par sa mère, et qui ne lui ressemble nullement.
Ce bouleversement émotionnel ou cette révolution intime du personnage nous rappelle forcément la Révolution Tunisienne; et c’est d’ailleurs là un parallèle subtil et fort intéressant que nous propose le réalisateur pour qu’on puisse réfléchir autrement sur l’affranchissement de soi et l’insoumission qu’elle soit personnelle, sociale ou politique.
L’affranchissement de soi et l’insoumission personnelle.
Avec Hédi, on traverse un tourbillon d’émotions par le biais d’un scénario raffiné et des dialogues authentiques, sans clichés et sans sur-jeu. Le film est léger mais dense par la sensibilité qui l’habite et les émotions qu’il provoque. La sincérité du ton, qui suggère et ne s’appesantit pas, creuse les profondeurs de l’être avec des mots, des regards et des gestes, n’a pas laissé indifférent le jury de la Berlinale présidé par la sublime Meryl Streep.
‘‘Inhebbek Hédi’’ ou l’ode à la liberté, du bon cinéma comme on l’aime.
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