Mustapha Ben Jaafar a déclaré que «la constitution de 2014 était consensuelle et garantissait les libertés et ne nécessitait qu’un amendement au niveau du système politique». (Vidéo).
Intervenant dans l’émission ‘‘Le grand débat’’ sur Shems FM samedi 19 novembre 2022, le président de l’Assemblée nationale constituante (ANC) a reconnu que la pratique montrait un déséquilibre au niveau du système politique en Tunisie, et qu’il était possible d’introduire des amendements au système politique après qu’il soit apparu clairement qu’il y avait un déséquilibre au niveau des prérogatives des deux têtes du pouvoir exécutif.
M. Ben Jaafar a ajouté que la constitution de 2014 avait fait l’objet d’un large consensus et d’une grande discussion, et qu’elle était bonne en général, expliquant que ce texte a apporté des acquis, malgré leur fragilité, qui garantissent les libertés.
M. Ben Jaafar a indiqué que le président de la république, Kaïs Saïed, a un projet politique qu’il veut faire passer et mettre en œuvre, loin de toutes opinions et critiques, et loin de la logique de dialogue et de participation.
Rappelons que le président Saïed a abrogé la constitution de 2014 et a fait adopter par un référendum très contesté une constitution, tout aussi contestée par de larges pans de la société civile, qui assoie son projet de démocratie directe, qui rompt avec la démocratie représentative incarnée par les partis.
L’ancien président de l’ANC et ex-président du parti Ettakatol, a, par ailleurs, déclaré que «la décennie noire a connu des réalisations dont une grande majorité est satisfaite, les considérant comme positives», faisant ainsi allusion aux années 2011-2021, durant lesquelles son parti était associé au pouvoir, surtout au cours des années 2011-2014. «Mais la décennie noire a aussi connu des choses négatives, notamment l’échec de la mise en place de la Cour constitutionnelle après les élections de 2014, laquelle Cour aurait dû être installée un an après ce scrutin», soulignant que la constitution de 2014 n’a pas été respectée ni suivie d’effet ni appliquée, a-t-il dit.
M. Ben Jaafar a enfin souligné la nécessité, aujourd’hui, de s’arrêter un moment, d’identifier les carences et de passer à une période d’examen et de dialogue sérieux et participatif pour surmonter la crise dans le pays.
Evoquant l’image de la Tunisie, l’ancien président de l’ANC a déclaré qu’elle est très affectée, ajoutant que lors de ses contacts avec des étrangers, il se rend compte que «tout le monde ne l’aime pas», selon son expression, en s’empressant d’ajouter : «Mais il y a des amis de la Tunisie qui l’aiment encore malgré ses problèmes.»
Pour expliquer ce désamour, sachant que notre pays avait une image plus positive au lendemain de la révolution de 2011, M. Ben Jaafar a souligné qu’il y a un problème au niveau de la diplomatie tunisienne, «qui ne suit pas une démarche claire et se contente d’une gestion classique, et plus grave encore, d’une gestion des affaires courante».
Le fondateur d’Ettakatol a cependant reconnu que les étapes de transition politique sont toujours difficiles car elles sont complexes et exigent beaucoup d’abnégation.
I. B.
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