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Riadh Sidaoui : « Ennahdha s’adapte pour assurer sa survie »

Riadh-Sidaoui

Selon le politologue tunisien Riadh Sidaoui, le parti islamiste Ennahdha et son président Rached Ghannouchi ont compris qu’on ne peut transformer la Tunisie en Arabie saoudite.

Dans un entretien à ‘‘L’Obs’’, le directeur du Centre arabe de recherches et d’analyses politiques et sociales (Caraps, Genève) a estimé que le courant pro-iranien au sein d’Ennahdha, assez fort dans les années 1970 et 1980, a aujourd’hui disparu et que la plus forte des tendances qui y prédomine est celle des Frères musulmans.

Pour Riadh Sidaoui, Ennahdha un parti démocratique. Et pour cause : il est «fondé et incarné par un chef historique qui n’a pas laissé sa place à une nouvelle génération». Rached Ghannouchi, son président, le chef du «groupe de l’extérieur», le plus modéré, continue, en effet, à le dominer. C’est le «seul véritable maître à bord».

Aussi la vraie question qui va se poser c’est celle de l’après-Ghannouchi. «Toutes les contradictions du parti apparaîtront avec son départ ou sa disparition. Lui-même a parfois tenu un discours puis son anti-discours, on ne sait pas toujours ce qu’il pense. Si lui parvient à mener le parti avec toutes ses tendances et ses contradictions, un autre parviendra-t-il à le faire après lui?», s’interroge le chercheur, qui reste sceptique quant à la capacité voire même à la volonté d’Ennahdha de séparer le politique du religieux, l’un des enjeux de son 10e congrès qui se tient depuis hier, à Radès. «Après la chute des islamistes au pouvoir en Egypte et surtout l’inscription sur la liste des organisations terroristes par les Emirats, Ennahdha doit, pour sa survie, prendre ses distances et va marteler ‘‘on n’est pas des Frères musulmans’’ de plus en plus fort. Mais cela reste un parti islamiste. Il est difficile de le voir autrement. C’est vrai qu’il y a les partis démocrates chrétiens en Europe, mais Ennahdha ne peut pas devenir laïc même s’il peut devenir démocrate», a expliqué Riadh Sidaoui.

Le chercheur estime, cependant, qu’«on peut donner une chance encore à Ennahdha afin qu’il s’éloigne de plus en plus des Frères musulmans et de l’islam radical pour devenir un modèle pour les autres partis islamistes dans le monde arabe.» Et de conclure : «Le leadership de Ennahdha a compris que la société civile tunisienne ne renoncerait pas facilement à ses acquis. On ne peut pas revenir en arrière, ni transformer la Tunisie en Arabie saoudite. Ils s’adaptent donc à la fois au contexte international et local pour assurer leur survie.»

I. B.

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