Il est à craindre que le terrorisme ne sera jamais éradiqué en Tunisie tant que les islamistes resteront au pouvoir, ou dans son antichambre.
Par Tarak Arfaoui
A chaque événement douloureux qui a secoué le pays, une armada de personnalités politiques, de spécialistes sécuritaires et de conseillers militaires montent au créneau dans tous les medias afin de présenter les meilleures solutions pour une lutte antiterroriste efficace en Tunisie. Chacun y va de ses arguments, mais force est de constater que les plus brillants et les plus pertinents dans ce domaine sont sans conteste ceux des meilleurs connaisseurs de ce fléau: les dirigeants islamistes.
Plus démocrate qu’eux tu meurs !
Le terrorisme, apanage exclusif des islamistes radicaux, a mis en porte-à-faux les divers autres courants islamistes qui jouent hypocritement la carte de la démocratie, dont le parti Ennahdha présidé par Rached Ghannouchi. Le Guide suprême d’Ennahdha, qui a publiquement témoigné devant le seigneur de son affection pour ses turbulents petits enturbannés («ils me rappellent ma jeunesse» et «annoncent une nouvelle culture», avait-il déclaré), et qui a apparemment oublié ses recommandations aux extrémistes leur conseillant «d’être patients, de bien s’organiser», insistant sur le fait «que l’armée et la police ne sont pas encore dans la poche», n’a pas trouvé mieux, après l’attentat terroriste de Sousse du 26 juin 2015, que de se retourner contre l’actuel ministre de l’Intérieur, Najem Gharsalli , pour la nomination duquel il avait fait le forcing. N’est-ce pas lui et son parti qui ont imposé ce ministre au gouvernement Habib Essid auquel il fait actuellement boire la tasse du fiasco sécuritaire. M. Ghannouchi semble avoir oublié le noyautage systématique du ministère de l’Intérieur par les islamistes savamment planifié et mis en place par l’ex-ministre de l’Intérieur et chef du gouvernement provisoire Ali Larayedh, ci-devant secrétaire général d’Ennahdha, et le laxisme voire la connivence de ce dernier avec les terroristes dont il devra rendre compte tôt ou tard.
M. Larayedh, dont le passé d’artificier d’Ennahdha est de triste mémoire, appelle la société civile, qu’il ne porte pas dans son coeur, et les forces politiques à s’unir avec Ennahdha, en fermant un oeil sur son passé terroriste.
Hamadi Jebali, autre figure de proue des islamistes, ex-secrétaire général d’Ennahdha et ancien chef du gouvernement provisoire, soudain animé par des pulsions droit-de-l’hommiste, rejette, quant à lui, «la solution sécuritaire», qu’il qualifie de liberticide. Ce fin connaisseur des «tafjirat» (explosions), du temps où il était activiste islamiste, dans les années 1980, impute tous les malheurs du pays à son élite instruite et laïque (sic!). Ce sont eux, bien sûr, qui tirent sur les touristes à la Kalachnikov et attaquent les patrouilles de l’armée et de la garde nationale!
Sahbi Atig, député d’Ennahdha, qui avait passé de longues années en prison pour ses activités terroristes, nous rappelle qu’il est absolument erroné d’établir un lien entre terrorisme et islamisme. Il a subitement oublié, lui aussi, la grave menace qu’il avait proférée lors d’un meeting populaire à l’avenue Habib Bourguiba, à Tunis, en 2013, «de lyncher tous ceux qui osent s’opposer à Ennahdha» (sic !).
Plus soft, Habib Khedher, député d’Ennahdha et accessoirement neveu de Rached Ghannouchi, se lave les mains de l’affaire en attribuant l’attentat terroriste de Sousse à des «jeunes délinquants drogués», et non pas aux imams radicaux de la nébuleuse islamiste.
La «troïka» qui a laissé prospérer le terrorisme en Tunisie: Ali Larayedh, Rached Ghannouchi et Hamadi Jebali.
Des démocrates à la criée
Que dire de ces nouveaux démocrates qui montent soudainement au créneau pour stigmatiser le terrorisme… qu’ils ont, eux-mêmes, dans un récent passé, pratiqué et alimenté sans aucun remord.
Les Tunisiens ne sont pas dupes ni amnésiques et n’oublieront jamais les attentats terroristes de Monastir en 1987 ni celui de Bab Souika en 1991 perpétrés par des éléments d’Ennahdha.
Beaucoup de Tunisiens sont convaincus que les malheurs qui frappent actuellement leur pays ne sont que le produit des graines de la discorde que les islamistes ont semé et cultivé, durant les 3 ans qu’ils ont passé au pouvoir, entre janvier 2012 et janvier 2014.
Malheureusement les sales joutes politiques et les élucubrations de certains partis, qui ont joué à fond la carte du «tawafeq» (consensus) avec les islamistes, risquent sérieusement de mener le pays vers la faillite. Le terrorisme ne sera jamais éradiqué tant que les islamistes resteront au pouvoir, ou dans son antichambre.
En attendant, le bon peuple tunisien léthargique et «khobziste» dans l’âme (c’est-à-dire soucieux de son seul gagne-pain) semble s’être parfaitement accommodé avec ce fléau et se focalise plutôt sur les décisions de l’imam myope perché sur sa colline en train de scruter l’horizon à la recherche du furtif croissant lunaire annonçant le début de ramadan, ainsi que sur les ripailles ramadanesques agrémentées de cogitations théologiques sur la légalité de l’utilisation du kohol au cours du jeûne ou sur les bavures de la flicaille dans sa chasse organisée aux «fattaras» (les citoyens qui ne jeûnent pas ramadan)!
Un pays, une patrie, un peuple ne peuvent pas tomber aussi bas, et hypothéquer ainsi leur avenir…
Donnez votre avis