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Pour un gouvernement paritaire en Tunisie

Femmes-de-Nidaa-Tounes

Les femmes ont porté Béji Caïd Essebsi et Nidaa Tounes au pouvoir. Ils ne doivent pas l’oublier. 

Pour redorer son image dans le monde se montrer comme une nation moderne, la Tunisie doit se doter d’un gouvernement paritaire.

Par Chedly Mamoghli

Béji Caïd Essebsi a été élu président grâce, surtout, aux Tunisiennes. Un million de femmes ont, en effet, voté pour lui. Elles ont cru en lui et elles se sont engagées pour lui. Sans elles, il serait resté chez lui à la Soukra. Mais qu’ont-elles reçu en contrepartie? A part un discours et du baratin tous les 13 août, Journée nationale de la femme, que dalle !

N’ayons pas la mémoire courte!

Le chef de l’État avait insisté tout au long de sa campagne électorale sur le rôle clé des femmes et sur leur engagement. Lors de son dernier meeting électoral, le vendredi 19 décembre 2014, avenue Bourguiba, à Tunis, il avait conclu en regardant la foule et en scandant «Ensé, Ensé!» (Les femmes, les femmes!» et il les a incitées à se déplacer en masse aux urnes et à sensibiliser leur entourage pour le faire élire. Mais une fois élu, il n’a rien fait pour cette population électorale importante qui l’a porté au pouvoir. Oui, c’est grâce à qu’il est là où il est.

Nous sommes désabusés quant à son initiative pour la formation d’un gouvernement d’union nationale, mais pour mettre le président face à ses contradictions et pour ridiculiser les misogynes qui se travestissent en modernistes, réclamons un gouvernement paritaire, constitué de 50% de femmes avec des portefeuilles régaliens. Les compétences ne manquent pas.

Avec plus de femmes en politique et plus de femmes au gouvernement, nous aurons une vie politique plus saine et plus clean. Toutes les études ont démontré que les femmes sont moins corruptibles que les hommes. Il faut franchir le pas, car c’est inadmissible qu’en 2016, notre gouvernement ne compte que deux ministres femmes dont une pour les… Affaires de la femme. Et c’est devenu une tradition, on accorde à la femme ce portefeuille et un autre pas très important ou un secrétariat d’État.

Une femme aux affaires étrangères

La Tunisie cherche à redorer son image devant le monde et à se montrer comme une nation moderne. Et bien, un gouvernement paritaire serait le meilleur message envoyé à nos partenaires et aux autres nations.

Si à titre d’exemple, dans ce gouvernement paritaire, le portefeuille des Affaires étrangères serait attribué à une diplomate chevronnée, ce serait un signal fort envoyé au monde entier.

Une Tunisie avec un gouvernement paritaire sera perçue autrement, non plus comme un petit pays qui chercherait à se démocratiser mais comme un pays qui a un vrai projet de société démocratique et moderne auquel il tient et qu’il concrétise avec détermination.

Nous le savons tous, le véritable problème de la Tunisie, le frein qui empêche le pays de décoller et l’ultime obstacle c’est la puissante mafia affairiste qui s’est emparée de la vie politique et qui dicte sa loi via les dirigeants des partis qui leur sont affidés. En rajeunissant la classe dirigeante et en la féminisant, le pouvoir de nuisance de cette mafia sera réduit.

Par conséquent, il existe deux options, ou bien se résigner et baisser les bras en abandonnant la scène politique et la vie publique à la voyoucratie ou bien se mobiliser et faire pression pour rajeunir et surtout féminiser la classe politique. Il ne faut rater aucune occasion pour réclamer les changements sociétaux.

* Juriste.

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