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A quand une loi contre le racisme en Tunisie ?

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Sabrine: encore une victime du racisme en Tunisie.

Une énième agression contre une personne noire a eu lieu, hier soir, à Tunis, et a fait réagir la société civile, qui appelle de nouveau à la mise en place d’une loi sanctionnant le racisme.

L’émouvant témoignage de Sabrine Ngoy, victime de racisme, hier, à l’avenue Habib Bourguiba, au centre-ville de Tunis, a provoqué une vague d’indignation et un mouvement de soutien à la jeune femme.

Sabrine, une Tunisienne noire, se promenait dans la rue, avec son ami blanc. Cela devait passer inaperçu et il n’était peut-être pas nécessaire de spécifier la couleur de peau des 2 amis. Reste que des jeunes ont couvert la jeune femme d’insultes ciblant sa couleur de peau et allant même jusqu’à la traiter de «pute, car les noires ne sont bonnes qu’à ça» (sic!). Ce sont les mots utilisés par les 3 agresseurs, qui passaient en voiture, près des 2 amis.

Sabrine a qualifié de honteux le comportement des 3 jeunes hommes et son accompagnateur a relevé le numéro de la plaque d’immatriculation de la voiture, afin de pouvoir porter plainte. N’ayant pas apprécié d’être ainsi critiqué, le conducteur est descendu de son véhicule et a tenté d’agresser le couple.

La police est intervenue et les 2 amis ont porté plainte contre leurs agresseurs, malgré les menaces. La plainte a été déposée pour insultes mais pas pour racisme, car la loi tunisienne ne reconnaît pas le racisme comme un délit.

«Les insultes à cause de ma couleur, je les affronte matin, après-midi et soir, depuis mon plus jeune âge et je ne suis pas un cas isolé, d’autres se font, quotidiennement, agresser. Ces gens finissent par haïr leur pays et leur histoire à cause de ces agressions, répétitives et en public», s’est indignée Sabrine. Et d’ajouter: «N’ai-je pas le droit de me promener dans les rues de mon pays, sans entendre des insultes à cause de la couleur de ma peau? Jusqu’à quand les noirs seront agressés partout en Tunisie?»

Les acteurs de la société civile ont dénoncé cet acte raciste et indiqué que le combat commence par une prise de conscience collective de l’existence du racisme et de la nécessité de le combattre pour une Tunisie colorée et plurielle. Ils ont aussi appelé les députés à promulguer une loi qui qualifie les délits racistes et les sanctionne.

«C’est honteux, 170 ans après l’abolition de l’esclavage en Tunisie, on entend encore parler de racisme. Cela est dû à l’impunité qui encourage les racistes à récidiver», a indiqué Haïfa, une jeune activiste.

Y. N.

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