Avant de s’engouffrer davantage dans l’endettement, la Tunisie a besoin d’une vision socio-économique d’avenir, crédible et durable, après douze années d’expérimentations politiques et juridiques qui ont mené le pays au bord du gouffre. (Illustration: manifestation de chômeurs).
Par Elyes Kasri *
Certains patriotes exaltés trouvent inadmissible et mal intentionnée l’intransigeance du Fonds monétaire international (FMI) à lier les facilités de prêt demandées par la Tunisie à des gages sérieux d’engagement du gouvernement tunisien à mettre en œuvre son propre programme de réformes soumis au FMI pour tirer l’économie nationale du cercle vicieux de la récession économique, de la course à l’endettement et du risque de défaut de paiement.
Ces patriotes, dont personne ne doute de la sincérité mais dont la lucidité reste toutefois à prouver, ressassent les mêmes arguments de la dernière décennie des spécificités tunisiennes et de chantage à la stabilité sociale, en ne réalisant pas que cette farce à laquelle le FMI a déjà succombé au cours de la dernière décennie n’a plus d’effet.
Un avenir très incertain
Les pays européens qui ont plaidé, avec une bonne foi qui reste à démontrer, la cause d’un déboursement inconditionnel du prêt FMI, auraient pu être plus conséquents dans le mauvais service qu’ils s’apprêtent à rendre à la Tunisie en se portant garants de ce prêt et assumer ainsi le risque de cet endettement supplémentaire comme ils viennent de le faire pour l’Ukraine, pourtant en pleine guerre et à l’avenir très incertain.
Entretemps, aucune stratégie ou perspective crédible de relance économique durable et les contours d’un nouveau modèle de développement socio-économique crédible ne semblent à l’ordre du jour. C’est pourtant un préalable à tout usage productif de la dynamique budgétaire censée être enclenchée par la facilité de prêt du FMI. A force de faire du surplace et de pallier aux urgences, on risque de s’enfoncer davantage dans la crise et la rendre inextricable.
Trêve d’expérimentations politiques
Une vision socio-économique d’avenir, crédible et durable, doit être la première priorité en Tunisie après douze années d’expérimentations politiques et juridiques qui ont mené le pays au bord du gouffre.
Le véritable sauvetage et la satisfaction des aspirations du peuple tunisien, tout du moins au niveau de l’emploi et du pouvoir d’achat, sont devenus urgents et incontournables, sous peine de l’inconnu et peut-être même du pire.
* Ancien ambassadeur.
Donnez votre avis