Avec l’entrée de Trump à la Maison Blanche, les musulmans ne sont pas au bout de leurs peines. D’autres les attendent, pires que celles endurées sous ses prédécesseurs.
Par Fathi Frini *
Outre la grosse panique sur les marchés mondiaux, l’accession de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis n’a pas manqué de provoquer une onde de choc dans le monde musulman après une campagne électorale marquée par des attaques directes du candidat républicain contre l’islam.
Pour enfoncer encore un peu le clou, le nouveau locataire de la Maison Blanche s’est engagé, dans son discours d’investiture, le 20 janvier 2017, à anéantir l’extrémisme islamiste de la surface de la terre. Il a, par ailleurs, promis aux Américains que jamais plus ceux qui leur prennent leur argent ne viendront plus les menacer chez eux et qu’il fera son possible pour peaufiner les alliances des Etats-Unis pour exterminer les extrémistes islamistes et mettre fin à leur menace. Ne mâchant généralement pas ses mots, n’avait-il pas provoqué un tollé international en déclarant, après une fusillade en Californie, en décembre dernier, vouloir interdire l’entrée des musulmans aux Etats-Unis?
Trump président : comment est-ce possible?
Comment est-ce possible que Trump ait gagné? Et devant une rivale de l’envergure de la démocrate Hillary Clinton? Maintenant c’est fait. Mais l’Amérique va-t-elle donner libre cours à son hostilité aux musulmans? Va-t-il y avoir d’autres guerres aussi dévastatrices que celles qu’ont connues l’Afghanistan, l’Irak, la Syrie ou la Libye?, s’interroge-t-on, un peu partout, dans le monde musulman, après l’accession de Trump à la présidence des Etats-Unis.
De telles interrogations reflètent une inquiétude réelle et justifiée parmi les musulmans, même si ces derniers croient encore que les Américains sont des gens censés, intelligents et matures et qui ont longtemps été, pour eux, des partenaires privilégiés.
Certains espèrent néanmoins que la rhétorique anti-islam de Trump, pendant la campagne électorale, n’aura été qu’une tactique électorale pour gagner des voix, que les «remarques» de Trump hostiles aux musulmans ont seulement servi à lui rapporter des voix et qu’il réalisera rapidement que les musulmans représentent une partie de la population des Etats-Unis, et que Washington n’a pas intérêt à ce que ses relations avec les pays musulmans se tendent plus qu’elles ne le sont déjà à cause de leur soutien inconditionnel et constant à Israël.
Des signes qui ne… Trump pas !
Il y a des signes qui ne trompent pas sur les véritables intentions de ceux qui ont hissé Trump au pouvoir suprême et qui entendent bien l’y maintenir, contre vents et marées…
Nous autres musulmans, qui avons du mal encore à accepter la victoire de ce magnat de l’immobilier et sa rhétorique populiste anti-islam, nous ne sommes pas au bout de nos peines. D’autres nous attendent et peut-être pires que celles déjà endurées.
En fait, les présidents américains se suivent et se ressemblent : tout juste s’ils brouillent, parfois, les cartes, en changeant le fusil d’épaule… Mais ils sont constants dans leur volonté de racketter les musulmans, à commencer par les monarchies pétrolières du Golfe, partenaires traditionnels et complètement soumis, auxquelles ils soutireront, encore et toujours, davantage de pétrodollars.
Aussi devrions-nous cesser, à chaque élection d’un nouveau président américain, de faire confiance au choix «démocratique» des Américains et de continuer de croire ingénument que le nouveau locataire de la Maison Blanche pourrait être animé de bonnes et sincères intentions à notre égard.
Il convient tout de même de nuancer cette analyse catastrophiste: Trump aurait déjà commencé à revenir sur certaines de ses propositions, en en atténuant la portée. N’avait-il pas promis d’expulser les 11 millions de sans-papiers se trouvant sur le sol américain pour finir par reconnaître la difficulté de mettre en place cette mesure, mettant ainsi de l’eau dans son vin?
L’espoir n’est donc pas totalement perdu…
* Juriste.
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