La société civile à Hammamet reste mobilisée pour préserver la vocation publique de l’espace Yasmina et sauver ce patrimoine des convoitises des promoteurs privés.
Par Salem Sahli *
Les représentants de la société civile et des partis politiques de Hammamet engagés dans la campagne «Sayeb_Yasmina» qui a démarré en mai 2016 sont venus nombreux à la réunion tenue le 28 février 2017 pour débattre du devenir de l’espace Yasmina.
L’objectif de la réunion est d’élaborer collégialement un plan d’action destiné à contrer la cession par l’Agence foncière touristique (AFT) d’une partie du site Yasmina à un promoteur privé pour y construire un projet commercial.
En effet, dans une lettre adressée à la municipalité de Hammamet en date du 23 janvier 2017, l’agence, qui est un établissement public sous tutelle du ministère du Tourisme, confirme son refus de céder le terrain en question à la municipalité de Hammamet qui en a officiellement demandé l’acquisition (lettre de la municipalité à l’AFT du 23 décembre 2016).
Les participants ont réitéré leur refus de la cession par l’AFT des parcelles qu’elle détient dans le domaine Yasmina à un promoteur immobilier privé. Il s’agit de terrains d’une superficie d’environ 6000 m2, acquis par l’AFT en 2007 pour la modique somme de 40 dinars le mètre carré à la suite d’une transaction douteuse et après avoir pris le soin de changer la vocation de la zone qui passe subrepticement d’une zone à vocation socioculturelle à une zone à forte densité urbaine.
Députés et activistes de la société civile devant l’espace Yasmina.
Ils ont par ailleurs réaffirmé leur engagement pour la préservation de l’unité du site Yasmina en tant que parc urbain et espace socioculturel, récréatif et écologique représentant l’unique poumon vert au cœur de la ville de Hammamet.
Ils en appellent aux autorités compétentes pour répondre favorablement à leur requête formulée dans une pétition populaire demandant l’acquisition par la municipalité des parcelles de l’AFT cédées de manière suspecte et l’annulation du changement de vocation de la zone sur le plan d’aménagement urbain en cours d’approbation.
Enfin, ils pressent la nouvelle délégation spéciale de la municipalité de Hammamet de continuer à geler toutes les demandes de lotissements ou d’autorisations de bâtir sur ce terrain.
Rappelons que plusieurs actions ont d’ores et déjà été menées par le collectif des associations et de la société civile, à savoir des réunions avec le maire de Hammamet, le gouverneur de Nabeul en présence du promoteur; l’organisation d’un sit-in le 25 juin 2016 devant la mairie et le dépôt d’une requête auprès de l’Instance nationale de lutte contre la corruption (INLCC), le 19 décembre 2016.
Fac-simili de la décharge de la requête adressée à l’INLCC.
Par ailleurs, la pétition populaire continue de circuler; elle a recueilli à ce jour 2000 signatures et le collectif vient de relancer la campagne médiatique qui comporte entre autres la tenue d’une conférence de presse à Tunis.
Le collectif espère que, grâce à cette mobilisation, la ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Selma Elloumi-Rekik, acceptera finalement de répondre favorablement aux demandes d’entrevue émanant du collectif : les lettres du 19 juillet et du 21 septembre 2016 étant demeurées à ce jour sans réponse.
De toutes les façons, les acteurs de la société civile à Hammamet s’emploient à ce que la dynamique initiée en mai 2016 demeure vivace afin d’assurer la coordination des actions juridiques, administratives, citoyennes, politiques et médiatiques qui ont été décidées et alerter l’opinion publique en cas de besoin.
Car la vigilance doit être de rigueur pour espérer préserver l’unité de l’espace Yasmina et sa vocation publique et sauver ce patrimoine des convoitises récurrentes des promoteurs privés.
* Président de l’Association d’éducation relative à l’environnement de Hammamet.
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