Selon certains documents officiels dont le site ‘‘The New Arab’’ (‘NA’) a obtenu des copies, ce «centre tunisien de fusion de renseignements» serait presqu’achevé.
Par Marwan Chahla
D’après ‘NA’, l’an dernier, à la suite de l’annonce faite de ce projet par le secrétaire-général de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), Jens Stoltenberg, des membres du gouvernement tunisien et de hauts responsables des instances sécuritaires tunisiennes ont procédé à des négociations avec des représentants de l’Alliance en vue de la création de ce nouveau centre de renseignements intégré.
Appui aux forces spéciales tunisiennes
Nécessairement, cette initiative commune implique un appui de l’organisation internationale aux services sécuritaires tunisiens et la formation des forces spéciales tunisiennes. Dans le même temps, l’avancée enregistrée par l’établissement de ce centre indique aussi l’intérêt croissant que porte l’Otan à la position stratégique de la Tunisie et la volonté de cette alliance militaire de marquer sa présence dans la région d’Afrique du nord.
En 2014, la Tunisie et l’Otan se sont accordées sur un «Programme individuel de partenariat et de coopération» selon lequel la Tunisie et l’Alliance coopéreront dans un certain nombre de domaines, notamment ceux de la sécurité des frontières, la cyber-défense et «la lutte contre le terrorisme.»
Le 28 septembre 2015, la rencontre entre l’ex-premier ministre Habib Essid et le secrétaire général de l’Otan Stoltenberg, au siège de l’Alliance en Belgique, a scellé encore plus cette coopération. Ces dernières années également, en de nombreuses occasions, des bâtiments de l’Alliance ont fait escale dans des ports tunisiens et les deux parties ont procédé à plusieurs manœuvres navales conjointes.
«Vraisemblablement, donc, l’achèvement de ce nouveau ‘centre de fusion de renseignements’ représente une étape majeure du renforcement de cette coopération entre l’Otan et la Tunisie et confirme la volonté grandissante de présence de l’alliance militaire dans les régions nord-africaine et subsaharienne», conclut ‘NA’.
Le 28 mai 2015, au siège de l’Otan, le secrétaire général délégué de l’Otan, l’ambassadeur Alexander Vershbow, s’est entretenu avec l’ex-chef du gouvernement Habib Essid du partenariat entre l’Organisation et la Tunisie.
L’urgence dicte l’alliance
Pourtant, les autorités tunisiennes insistent que l’hypothèse selon laquelle ce futur centre de renseignement sera une base de l’Otan est totalement infondée.
Néanmoins, des questions subsistent au sujet du commandement et du contrôle de ce centre – et si, au bout du compte, ce hub tunisien du renseignement ne finira pas par devenir une cellule sous la tutelle complète de l’Otan.
Plusieurs réunions de haut niveau ont été tenues entre les deux parties, notamment avec la participation, du côté tunisien, du ministre de la Défense Farhat Horchani et le chef d’état-major de l’armée de terre, le général de division Ismaïl Fathalli, et, du côté de l’Alliance, Jens Stoltenberg, Alejandro Alvargonzález, le secrétaire général adjoint de l’Otan chargé des affaires politiques et de la politique de sécurité, et Jonathan Parish, le sous-secrétaire général adjoint de l’Otan.
Au lendemain des attentats terroristes, et dans l’urgence de la situation créée par la montée du jihadisme sur son sol, la Tunisie a accueilli avec grande satisfaction cette idée du centre comme un renforcement indispensable de ses capacités de renseignement.
En fin d’année dernière, le Conseil de la sécurité nationale tunisien a accordé son aval à ce nouveau centre de renseignement et, en janvier 2017, le Journal officiel de la république tunisienne en a annoncé la création effective.
Selon des documents officiels dont ‘NA’ a obtenu des copies, le centre de renseignement comprendra un certain nombre de sections et de bases auxquelles seront assignées des tâches précises dans la collecte de divers renseignements: le renseignement géographique, le renseignement technologique, le renseignement tactique, le renseignement stratégique et le renseignement préventif; les 6e et 7e départements, concernés respectivement par les renseignements «politique» et «économique», s’intéresseront plus particulièrement aux activités politiques, d’affaires et financières des principaux acteurs économiques dans le pays.
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