Soutenir la chaîne privée Nessma, qui transgresse les règles de la concurrence loyale, contre la Haica, c’est donner une prime aux hors-la-loi.
Par Mohamed Sadok Lejri *
La chaîne de télévision Nessma a mobilisé ses journalistes et avocats (Amine M’tiraoui, Soufiane Ben Farhat, Nizar Ayed et consorts) pour s’acharner contre la Haute autorité indépendante de la communication audio-visuelle (Haica) qui vient de lui demander d’arrêter la retransmission de ses programmes sur les bandes FM des radios régionales.
Un média hors-la-loi
Les choses sont pourtant on ne peut plus claires. Tout d’abord, il faut savoir que Nessma n’en est pas à sa première violation de la loi et des règles de la déontologie journalistique.
La Haica avait demandé à Nessma de changer la vocation de la société pour être conforme aux critères exigés par le cahier des charges. Elle lui accorde, à chaque fois, un délai pour que Nessma lui fournisse les pièces nécessaires et régularise sa situation. Et, pourtant, le même scénario se reproduit à chaque fois : les dirigeants de Nessma s’engagent auprès de la Haica à régulariser leur situation, ensuite ils ne respectent pas leurs promesses.
Si l’on ajoute à cela le problème des radios régionales privées que Nessma a quasiment absorbé sans vergogne, on a vite fait d’atteindre la limite du tolérable. En effet, à cause du partenariat qui s’est créé entre Nessma et les radios régionales, la chaîne des frères Nabil et Ghazi Karoui occupe aujourd’hui l’antenne de ces stations plusieurs heures par jour (environ six heures/jour).
Des pratiques quasi-mafieuses
L’on assiste donc à une concentration médiatique qui se fait dans l’indifférence générale et la Haica se démène toute seule contre ces pratiques quasi-mafieuses de la bande à Karoui qui s’exercent par ailleurs avec la collusion de certains hauts dignitaires aux intentions douteuses.
La Haica a besoin qu’on lui prête main forte car elle s’oppose à la mise en place d’un discours dominant et à la puissance du trust médiatique. Elle est, avant toutes choses, pour la diversité du discours médiatique… Pourvu que ça dure.
* Universitaire-chercheur.
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