Les dirigeants de l’UGTT n’ont pas tiré à boulets rouges sur le président Caïd Essebsi, dont le discours d’hier était pourtant peu tendre à l’égard des mouvements sociaux.
Bien qu’indirectement visée par le discours à la nation prononcé mercredi 10 mai 2017 par le président de la république Beji Caïd Essebsi, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a eu une réaction que plusieurs observateurs ont qualifié de diplomatique.
D’abord, la centrale syndicale n’a pas publié de communiqué à propos de la décision du chef de l’Etat de mettre toutes les installations pétrolières et gazières et les gisements de phosphate sous la protection directe de l’armée, qui assurera désormais leur sécurité ainsi que celle de leurs personnels. Mais, dans une réaction à chaud sur les ondes de Shems FM, Noureddine Taboubi a déclaré que «l’armée n’empêchera pas l’UGTT de décider des grèves ni d’exiger l’application des accords établis avec le gouvernement».
Rectifiant le tir, le secrétaire général de l’UGTT a déclaré ensuite à l’agence Tap que la centrale syndicale est favorable à une démarche participative, ajoutant que le dialogue reste le seul moyen pour sauver le pays de la crise économique et sociale actuelle.
Commentant le discours du président de la république, M. Taboubi a ajouté que l’UGTT est favorable à la réconciliation économique et financière, mais à condition qu’elle respecte les dispositions de la constitution et qu’elle permette de dévoiler toute la vérité sur les cas de corruption.
Au sujet de l’implication de l’armée dans la protection des richesses naturelles du pays, le dirigeant syndical a déclaré que l’UGTT œuvre toujours pour la hausse de la production et une meilleure exploitation des richesses nationales, indiquant, dans ce cadre, que le président de la république a adressé «des messages rassurants» aux protestataires dans les différentes régions, en affirmant que l’Etat veillera à satisfaire leurs revendications.
Pour sa part, le secrétaire général adjoint de l’UGTT, Bouali Mbarki, a affirmé, sur les ondes de Shems FM, que la décision de charger l’armée nationale de la protection des richesses du pays «ne peut pas être une atteinte aux libertés», ajoutant que «la protection des frontières et des richesses nationales font partie des missions attribuées à l’armée».
Quant à Sami Tahri, secrétaire général adjoint de l’UGTT chargé de la communication, il a déclaré, dans un post publié sur sa page Facebook, que le discours de Beji Caïd Essebsi a été en-deçà des attentes. «On s’attendait à ce que le président de la république aborde la question de la corruption», a-t-il déploré, sans trop s’attarder sur le sujet, comme on aurait pu s’y attendre.
Abderrazek Krimi
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