Ce n’est pas le FMI qui a demandé à octroyer des crédits à la Tunisie, mais c’est la Tunisie qui les a sollicités, a déclaré Chedly Ayari.
L’audition du gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), mardi 16 mai 2017, lors d’une séance plénière à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), s’est déroulée sur fond de rumeurs persistantes sur son imminent limogeage, rumeurs qu’aucun membre de l’exécutif n’a cru devoir démentir.
Ce dernier devait répondre à des questions relatives à la dévaluation de la monnaie nationale, le dinar tunisien, ses conséquences immédiates et futures sur l’économie du pays et les moyens d’en limiter l’impact négatif sur le pouvoir d’achat des citoyens.
M. Ayari a précisé que la décision de dévaluation du dinar n’est pas du ressort de la BCT mais relève des prérogatives exclusives du gouvernement, indiquant, à ce propos, que la décision de dévaluer la monnaie nationale n’est pas un simple acte économique mais c’est aussi une décision politique dans le cadre de l’exercice de la souveraineté de l’Etat.
Le premier responsable de l’institut d’émission a indiqué, en outre, que le redressement de la situation économique est tributaire de la capacité de l’Etat à limiter les dépenses intérieures, à réduire le déficit de la balance extérieure et à préserver les grands équilibres financiers, dont dépend la crédibilité de la Tunisie au niveau des transactions internationales. Le niveau toléré de déficit budgétaire ne doit pas dépasser 8,4%, a indiqué M. Ayari, or la Tunisie s’en approche dangereusement.
Les rapports avec le Fond monétaire international (FMI) ont aussi retenu l’attention des députés, dont, on l’imagine, ceux du Front populaire (FP), qui ont déploré l’intervention grandissante de cette instance financière internationale dans la gestion de l’économie tunisienne, menaçant ainsi sérieusement, selon eux, la souveraineté du pays.
En réponse à ces craintes, M. Ayari a expliqué que la Tunisie est l’un des pays fondateurs du FMI et qu’en tant que telle, elle a le droit d’accéder aux crédits accordés par cette institution, tout en rejetant les accusations de soumission de la Tunisie aux directives du FMI, notamment dans sa décision de dévaluer la monnaie nationale, exprimées par certains députés.
M. Ayari a rappelé à ces députés que le FMI n’a pas demandé à octroyer des crédits à la Tunisie, mais c’est la Tunisie qui les a sollicités, le plus important étant l’usage qu’on en fait et la manière avec laquelle on les rentabilise et en fait profiter l’économie tunisienne.
Abderrazek Krimi
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